Dans la série "Perdu de vue", j'ai demandé au cocker triste Jacques Pradel de me retrouver les Nord Irlandais de Waylander. Disparu corps et biens de mon écran radar depuis son second album The Light, The Dark and the Endless Knot en 2001, le quintet ne s'est jamais officiellement séparé, restant à écumé les festivals et les pubs. Probablement ivres morts quand Jacquot les a retrouvés, les Celtes ont juste oublié de repasser par la case studio ces sept dernières années. Et leur retour se fait étonnamment sous la bannière de Listenable qui semble là vouloir profiter de la manne folk metal avant que le soufflé ne retombe.

J'avoue ne pas avoir espéré grand-chose de cet album. Je sais, "bouh c'est pas bien". Il n'empêche que j'ai toujours trouvé Waylander pataud et empêtré dans un folk metal assez naïf (hormis sur quelques rares titres). La surprise fut donc agréable de constater que le Waylander a mûri, laissant le pataud et le naïf à la jeune génération de groupes. Le combo ajoute désormais à son arc une gestion des ambiances qui ne n'implique plus forcément la ballade acoustique.

Alors oui, j'ai souri au démarrage de l'album, prêt à le mordre aux fesses comme un american staff. Mais "As the Deities Clash" qui ouvre l'opus vire rapidement à un passage acoustique-percussions qui transporte l'auditeur dans un rituel nocturne à la gloire des dieux celtes. Moment aérien qui se mue en riffs thrash furieux menés par un thème de flûtiau enlevé. Waylander surprend d'entrée et c'est tant mieux.

Passée cette première bonne impression, le folk metal des sujets de sa Majesté reste tout de même assez classique. Dans son absence de démonstration technique et son mélange heavy/thrash avec du folk, le groupe garde même une touche "à l'ancienne", qui n'est pas sans rappeler Skyclad. Côté folk, il est évidemment question d'éléments celtes, et le combo aurait tort de se priver de reprendre certains thèmes connus de ce riche folklore. Quelques blasts furibards, beaucoup de metal déversé dans la gueule du loup et le compte y est pour neuf titres bien étalés.

Il en reste un long album de 66 minutes globalement efficace, comportant même quelques moments très brûlants. Le thème de cornemuse de "Beyond the Ninth Wave" vous transformera immédiatement en Highlander (ou en rouquine canadienne, mais je vous conseille le Highlander) et vous serez prêt à partir en découdre au combat sur le lead de flûtiau portée par une double à fond les gamelles. On dirait presque un titre de feu Aeternus, nom di diou que c'est bon.

Le défaut principal de l'album est probablement sa production "à l'ancienne" également, qui ne tiendra pas la comparaison en terme de puissance face aux bidouilles modernes des plus gros studios. Il suffit de monter le son pour gommer le défaut, mais la plus jeune génération ne maîtrise pas forcément toute l'interface de sa chaîne hi-fi.

Dans une période où la brouette du folk metal se déverse un peu plus chaque jour, j'ai pris un certain plaisir à écouter ce Honour Amongst Chaos. Il est clair que Waylander n'a pas sorti là l'album du siècle, mais les années de maturation ont permis au projet de pondre un opus efficace et plein de mélodies. Vraiment une bonne surprise.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 11041