Maintenant que l'époque des expérimentations plus ou moins portnawesques (l'enchaînement pour le moins incongru du controversé bien qu'excellent «KFD» et du tribute officieux à AC/DC «Helldorado») semble définitivement révolue, WASP se contente désormais de faire, bon an mal an, du WASP traditionnel, ce qui n'est déjà pas rien.
On le sait, Blackie porte un regard acerbe et amer (ou réaliste, c'est selon) sur le gouvernement américain, sur sa gestion de l'après 11 Septembre et Dominator, le nouveau méfait du bonhomme, se fait le reflet de cette vision. C'est donc un album à l'atmosphère particulièrement lourde et sombre que WASP nous propose là (ça, ça vous la coupe, hein!?)
Après un changement de label relativement obscur (WASP devait à l'origine sortir le nouvel album chez SPV et se retrouve finalement sur Demolition Records) et après d'interminables reports, voilà qu'arrive donc enfin ce Dominator tant attendu qui, bien qu'hautement sympathique, ne surprendra personne. On nage ici pleinement en terrain connu et si on prend beaucoup de plaisir à écouter ce nouvel album, on a parfois de légères impressions de déjà entendu. Bref, WASP donne l'impression aujourd'hui d'être un «groupe» en roue libre et force est de reconnaître que si cet album est assez nettement supérieur à The Neon God Part II (avec également une meilleure production), il s'apprivoise un petit peu trop facilement (on en fait assez rapidement le tour, ce qui peut laisser supposer qu'on s'en lassera aussi assez vite). Une fois ceci précisé, on ne peut pas nier la qualité intrinsèque de cet album qui comprend quelques passages particulièrement brillants et inspirés.
Même le morceau emotico-gay («Heaven's Hung In Black»), pardon, la power-ballade plus ou moins traditionnelle (histoire de dire que même si on baise sauvagement des nonnes sur scène, on en est pas pour autant des brutes épaisses dénuées de toute sensibilité...) passe comme une lettre à la poste. Principalement porté, forcément, par l'intensité vocale de Blackie ainsi que par un sublime solo, là encore forcément, de Doug Blair (vu la qualité de son travail sur cet album, on espère franchement qu'il restera cette fois pour de bon), ce titre particulièrement fort relate le dialogue (...de sourds) entre un GI américain engagé (et décédé) en Irak et St Pierre qui a la lourde tâche de lui annoncer qu'il n'a plus de place au Paradis du fait, précisément, de toutes les guerres qui sévissent sur Terre. Venant juste après le furieusement excellent «The Burning Man» (probablement le meilleur titre de l'album), cet enchaînement constitue sans nul doute le point d'orgue de ce Dominator. L'intérêt de reprendre le début d'«Heaven's Hung In Black» juste avant la fin de l'album (dans une version plus posée et lente qui met encore plus en avant le chant écorché de Blackie) peut sembler assez discutable mais cela permet ainsi d'instaurer un joli contraste avec le dernier titre «Deal With The Devil», sorte de dernier baroud d'honneur ultra rock'n'roll que l'on croirait presque tiré d'Helldorado. A noter que ce dernier titre intervient en lieu et place de la reprise de Creedance Clairwater Revival initialement prévue (ceci expliquant peut-être cela). En effet, l'album fût annoncé un temps avec deux covers, une de Deep Purple («Burn») et une de CCR («Fortunate Son»), qui ont été fort heureusement remplacées (à tout le moins sur l'édition française) par deux titres originaux «The Burning Man» et «Deal With The Devil», ce qui permet de proposer ainsi aux fans un véritable album digne de ce nom.


Rédigé par : BigHenry | 14/20 | Nb de lectures : 12302