Deux ans après un "Dominator" d’excellente facture, l’ami Blackie Lawless est de retour pour le plus grand plaisir de ses fans. Groupe culte s’il en est, WASP était attendu de pied ferme suite à la qualité de son précédent opus, qui avait eu le mérite de prouver que le père Noiraud Sans Loi en avait encore sous le coude après plus de vingt-cinq ans de carrière. Ce "Babylon", dont le concept est basé sur l’épisode biblique des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, comme en atteste sa pochette, devait assurément être l’un des disques de l’année en matière de heavy racé. Car si le combo pouvait faire doucement rigoler à la fin des années 1990, dépassé qu’il était par les évènements, le WASP actuel est celui d’une crédibilité retrouvée, reconquise à force de shows enflammés et d’albums de grande classe.

Pourtant, lorsque le tracklisting de "Babylon" a été annoncé, l’affaire semblait prendre une mauvaise tournure. Avec neuf titres, dont deux reprises, on se disait que Blackie ne s’était pas vraiment foulé. La crainte d’un album conçu à la va-vite se faisait grandissante. Heureusement il n’en est rien. Alors, on ne va pas y aller par quatre chemins : cet album est une bombe, peut-être inférieur à "Dominator", certes, mais terriblement rassurant sur l’état de santé de WASP en 2009. Et quand bien même la prise de risque est globalement absente (une constante sur les dernières sorties des Américains), le résultat prouve quel grand artiste est toujours notre bonhomme.

Dévoilé plusieurs semaines avant la sortie du skeud, le premier single, « Crazy », est d’une efficacité redoutable. S’inscrivant dans la droite lignée de « Wild Child », ce titre constitue sans conteste pour votre serviteur l’un des meilleurs morceaux que WASP ait proposés ces dernières années. Les plus médisants diront que Blackie n’est aujourd’hui plus capable de nous servir qu’une resucée de son glorieux passé. Ils n’auront pas forcément tort tant « Live To Die Another Day » et « Thunder Red » rappellent furieusement « Blind In Texas» et « On Your Knees ». Avouons qu’il y a quand même pire comme références… Pour le reste, "Babylon" est truffé de bons morceaux, comme l’épique « Babylon’s Burning » ou la ballade « Godless Run », qui voit l’« animal » s’aventurer dans ce registre vocal émotionnel qui lui va si bien.

Précisons que si WASP existe avant tout par son frontman, les musiciens qui l’accompagnent ne sont pas en reste. En particulier le guitariste Doug Blair, bien intégré au groupe depuis qu’il l’a rejoint en 2006. Très inspiré tout au long du disque, le musicien lâche un solo particulièrement lumineux sur « Into The Fire ». On peut dire qu’en faisant de nouveau appel à lui (le gratteux avait déjà dépanné le groupe en tournée), Blackie a eu le nez fin. Côté section rythmique, on retrouve à la basse le fidèle Mike Duda et le non moins excellent Mike Dupke à la batterie, qui en arrive presque à faire oublier ses prédécesseurs grâce à son jeu énergique.

En plus des sept titres originaux présents sur Babylon, WASP se fend de deux reprises, plutôt satisfaisantes mais loin d’être renversantes. Il faut dire que s’attaquer au « Burn » de DEEP PURPLE (période Mark III, avec David Coverdale et Glenn Hughes, excusez du peu) n’est pas chose aisée. Déjà annoncée il y a deux ans sur "Dominator", la cover du Pourpre Profond est globalement réussie. Car sans atteindre la qualité de l’originale, de toute façon inimitable, Blackie s’en sort remarquablement bien et parvient à « WASP-iser » le morceau de façon étonnante. Moins convaincante est en revanche « Promised Land », cette reprise de Chuck Berry qui clôt ce nouvel essai. Interprétée ici à la façon d’Elvis, et donc très rock n’ roll, ce titre dénote un peu trop avec le reste du disque. Un disque souffrant parfois d’un manque d’homogénéité, qui rend son concept légèrement bancal.

Malgré ce bémol de fin d’album, et la relative déception de ne se voir proposer que neuf morceaux (dont deux reprises), un sentiment prédomine après l’écoute de "Babylon" : WASP le fait toujours. Voilà une bonne nouvelle pour qui apprécie la musique de ce combo désormais légendaire. Alors Mr. Lawless, une nouvelle fois, merci pour tout !


Rédigé par : up the irons | 15.5/20 | Nb de lectures : 12996