WAR FROM A HARLOTS MOUTH c’est qui, c’est quoi ? C’est cinq Berlinois avec déjà trois albums bien accueillis par la presse et par le public, mais c’est aussi, et surtout, du gros son bien velu qui en impose grave. A titre personnel, je ne connaissais uniquement le groupe de nom, mais comme il faut bien un début à tout, ce promo tombait à pic. Une chose est sur, avec leur death/grind/mathcore les Berlinois ne font vraiment pas semblant et leur nouvel album « Voyeur » le démontre complètement.

Lors des premières écoutes je me suis dit « ok, c’est encore un groupe de deathcore quoi » mais en fait non. Après plusieurs écoutes attentives, on se rend bien compte que WAR FROM A HARLOTS MOUTH ne nous fait pas manger de ce pain là. Les 14 titres (dont une reprise de WILL HAVEN) qui composent « Voyeur » sont un véritable condensé de brutalité maîtrisée, laissant découvrir au fur et à mesure toute la richesse de ces compos résolument violentes mais non moins dénuées d’ambiances.

L’artillerie lourde est au rendez-vous, prête à faire parler la poudre et à faire fumer tout ce qui se trouvera sur son passage. Politique de la terre brûlée ? Un peu oui, mais là ça se passe en musique, sous un déluge qui dure pas loin de trente-huit minutes, mélangeant frissons et craquements de colonnes vertébrales. Trente-huit minutes de brutalité difficile à s’enfiler d’une traite. D’emblée, ce qui saute aux oreilles c’est ce gros son de porc. La prod’ est énormissime, digne d’une chevauchée de mammouths en rut. Le son est ultra gras et massif pour porter les 14 titres de ce nouvel album au zénith de la torgnole. Les guitares sont d’une lourdeur imparable, accordées plus bas que terre pour tout exploser et le résultat en est à la hauteur. Couplées à une batterie donnant dans le même ton, on obtient un sacré bordel ultra compact et ravageur qui, au premier abord, ne transcende pas plus que cela mais se laisse finalement découvrir après plusieurs écoutes persévérantes.

Les ambiances sombres et oppressantes sont omniprésentes, mises en scène par des titres mélangeants la fureur du grind, les constructions barrés typiquement mathcore et la lourdeur du gros death(core?) qui bute. On en a pour notre argent si on est venu pour perdre une rangée de chicos et le gars qui aime le savatage à grands coups d’accords implacables ne sera pas déçu du voyage. C’est brutal et ça fait pas semblant un seul instant si tu veux. Le jeu des guitares ne varie pas énormément, c’est vrai, cependant de nombreux plans mélodiques viennent redonner un peu de souffle aux titres histoire de ne pas trop lasser l’auditeur, mais tout en gardant cet aspect teigneux maintenu par des structures chaotiques qui partent parfois un peu dans tous les sens. Au-delà des grattes et de la basse qui labourent tout, on a surtout droit cette p#*$*n de batterie. Véritable rouleau compresseur, le jeu de Paule Seidel écrase tout et décuple la masse musculaire des morceaux avec ses blast-beats lourds et ses mosh-part de diplodocus. Le chant de Nico Webers donne lui aussi de sa personne et fait sonner les titres avec son timbre écorché qui sied parfaitement au compos et varie de temps à autres avec des hurlements plus « aérés ».

WAR FROM A HARLOTS MOUTH n’est pas revenu pour nous servir de la limonade, mais bien pour faire un max de casse avec des titres vraiment bourrins et barrés. « Vertigo », « H(a)unted » , « Of Fear And Total Control » sont là pour vous en donner la preuve. Complexes et violents, ces titres ne sont qu’une petite mise en bouche de ce que « Voyeur » est capable de faire. Le reste de l’album est du même acabit, tournant parfois un peu en rond malgré tout, mais le coté « mur dans la tronche » comble à lui seul les petites faiblesses de cette galette. La reprise de « Dolph Lundgren » des WILL HAVEN est assez excellente pour clôturer un album riche en surcharge pondérale musicale et termine le sale boulot d’une bien chouette façon.

Pas facile à digérer au début et quelque peu redondant, « Voyeur » se laisse agréablement dompter à la longue. Déstructuré et sacrément massif, il plaira aux amateurs de gros sons qui suintent le gras par tous les pores, dans une ambiance pas vraiment guillerette.




Rédigé par : Velvet Kevorkian | 14/20 | Nb de lectures : 14230