1an ½ après un premier album remarqué et relativement brutal, revoilà les jeunes Berlinois de War From A Harlots Mouth avec un nouvel opus, et toujours épaulés par LifeForce.
« Transmetropolitain », leur précédent méfait, alternait Brutal Death, Jazz, HxC, ambiant, MathCore et Grind avec une rage et une énergie appréciable, bien qu’encore trop immature et dénué d’émotion.
Alors, qu’en est-il de ce « In Shoals », deuxième livraison du groupe ?

Dès le premier titre, une chose frappe de prime abord : le monsieur qui hurle derrière le micro n’est plus le même... Peu adepte des niouzes people, je n’étais donc pas au courant des derniers rebondissements de line-up. Internet est mon ami, et me confiera (sur l’oreiller) qu’effectivement, le hurleur en chef des War From A Harlots Mouth a changé, et n’est autre que Nico, l’un des messieurs ‘The Ocean’. Plutôt classe, donc. Certains seraient peut-être même tentés de dire que les WFAHM y gagnent au change.... Je n’en sais rien, mais force est de constater que s’il y a bien un aspect quasi-irréprochable sur cet album, il s’agit des lignes de ‘chant’.
Les hurlements de Nico sont toujours aussi expressifs et puissants à la fois, et ses incursions vocales toujours aussi bien placées, choses peu aisées lorsque les compos évoluent dans une frange plutôt barrée. Comparativement avec son prédécesseur, on pourrait éventuellement lui reprocher un certain manque de variations vocales, notamment en ce qui concerne l’absence de hurlements bien graves. Mais il compense largement ce manque par son efficacité et la qualité de ses hurlements, qui se révèlent être bien plus adaptés aux compos du groupe.

Car musicalement, pas d’inquiétude, les WFAHM sont toujours adeptes de brutalité frénétique teintée de cassures, de changements de rythmes et d’autres réjouissances telles que l’incursion de passages ambiants ou posés. Des compositions toujours aussi barrées et variées, où la qualité technique de chacun des membres est au service de la recherche musicale et des alliances de furie et de passages jazzy et aérés.

Cependant, on sent que le groupe a évolué et mûri, que ce soit de par la réelle qualité des compos, de par l’artwork, plus recherché, ou également via l’évolution musicale du groupe. Fini les relents de « Fashion/Emo/MySpace » parfumés aux breaks clichés. Avec « In Shoals », WFAHM se démarque de toute cette vague pour ados pré-pubères accros au net, et adopte un tournant bien plus pro et convaincant, en s’affranchissant des quelques émanations de Deathcore qui transpiraient au travers de certains hurlements ou breaks, et en nous offrant un album bien plus abouti.

L’album débute avec un « They Come In Shoals » puissant et brutal, et où le son massif de la batterie nous prend à la gorge avec ses variations de rythmes et ses syncopes dignes des groupes de Hard Core barrés les plus talentueux. Le son de batterie est à mon sens vraiment plaisant, car puissant et massif, et néanmoins assez ‘réel’ et sec. Les musiciens (et notamment le batteur) sont toujours aussi habiles techniquement, et ils nous le démontrent à chaque seconde. Les deux premiers titres sont dans la continuité du premier opus, à la fois brutaux, jazzy, Hardcore, déstructurés et énergiques.

Hormis des hurlements plus HxC et plus expressifs, et une qualité de composition plus aboutie, on pourrait aisément dire que ce « In Shoals » est la suite parfaite du précédent album.
Oui, mais non.
Car WFAHM ne se contente pas d’appliquer la même formule. Outre la maturité et la réelle progression dans la qualité des compos, les Berlinois ont incorporé bien plus de passages aérés, instrumentaux ou ambiants que sur le précédent. Associés à une certaine ‘Hardcorisation’ des compos, on obtient au final un opus assez différent de « Transmetropolitain », où seuls les changements de rythmes tarés et saupoudrés de riffs tordus sont communs aux 2 albums.

En effet, et ce n’est pas pour me déplaîre, « In Shoals » comporte plus de passages variés et posés, certains entièrement instrumentaux, et toujours sensiblement jazzy. Mais ces passages sont bien mieux incorporés et dilués dans l’ensemble, réussissant la performance d’enchaîner ou de superposer blasts beats, hurlements et passages acoustiques ou ambiants tout en ‘finesse’, et sans avoir l’impression de ces passages arrivent abruptement et sans inspiration.

A l’image de The Ocean, WFAHM est difficilement descriptible, tant les titres sont tous différents les uns des autres ; Parfois Metal ou Mathcore, parfois jazzy, parfois Hard Core, parfois brutal, parfois plus posé, parfois instrumental, et bien souvent tout ça à la fois...

Pour résumer, WFAHM nous offre ici un excellent album de qualité, d’une très grande variété, toujours aussi extrême et barré, mais plus progressif et expressif que ne l’était son prédécesseur. A noter la présence d’un dernier morceau (ne figurant pas sur la tracklist) de plus de 8 min, très Ocean-ien dans son approche, c'est-à-dire assez progressif, majoritairement instrumental, tranchant radicalement avec les 10 autres titres bien déstructurés, mais tout de même terriblement jouissif.

Amateurs de Hard Core brutal, technique et barré, jetez-vous sur ce « In Shoals », bien plus mature et efficace que leur précédent méfait, et cependant toujours aussi recherché et alambiqué.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 15.5/20 | Nb de lectures : 10986