Voilà un des albums que j’attendais le plus cette année, et j’aurai bien pris le temps de l’éplucher, le décortiquer et le savourer comme il se doit. M’aura-t-il rassasié ? M’en suis-je déjà lassé ? En valait-il le détour de la peine ? Shaka porte-t-il une perruque ? Vous le saurez en lisant la suite, bande de nains des steppes !

WAIT IN VAIN est né tel le phénix des cendres de groupes comme Trial, Champion ou encore Stay Gold, 3 groupes ayant bien contribué à placer Seattle sur la carte du revival hardcore old-school ricain du virage des années 2000. Pour pas vous le cacher, j’ai ‘kiffé’ ces groupes comme peu d’autres ces 10 dernières années, et vous comprendrez donc mon état d’excitation en déballant le cellophane, j’étais aussi dur que Vision Of Beuh devant la nouvelle frange d’un anorexique en slim. Après une demo 5 titres autoproduite plutôt remarquée en 2005, les 5 lascars ont pris le temps de soigner paroles et compos avant de sélectionner Think Fast! comme label et déverser ‘Seasons’ sur le monde comme les Chinois se débarrassent de leurs déchets dans le Fleuve Jaune. Hum, pas sûr que l’allusion soit bien propice, mais bref.

Y a des fois où on sait qu’on tient une pure bombe dès les premières écoutes, tant le soin apporté à chaque détail de l’œuvre nous saute aux oreilles: production éclatante, mélodies accrocheuses sans être mielleuses, variété des rythmes, breaks et passages 2-steps placés avec science, explosions de rage, singalongs jamais lourds, intelligence des paroles, artwork conceptuel et explications des textes dans le livret… Pffff, voilà le hardcore old-school tel qu’il devrait toujours être, en fait! Car WAIT IN VAIN fait bien plus que prolonger l’aventure Trial, renouveler l’expérience Champion ou approfondir le sillon de Stay Gold: il en propose une synthèse quasi-parfaite! De la voix de Tim (ressemblant étrangement à celle de son pote Greg Bennick, ancien frontman de Trial) aux placements des triolets d’Alexei, des riffs ciselés aussi syncopés que Layne après avoir écouté du stoner pour la première fois sans alcool ni drogue, aux samples parfaitement choisis, c’est vraiment le sentiment qui domine lorsqu’on s’enfile la galette encore et encore sans ressentir la moindre once de lassitude plus de deux mois après la sortie du skeud.

Bien sûr, les malins ont remixé 4 des morceaux de leur démo (sur 10, se sont pas trop foulés, quoi), abusent des ralentissements reposant uniquement sur la basse ou le matraquage de crash, voire tendent à repomper quasiment entièrement certains riffs de l’époque Trial. Certes, beaucoup n’accrocheront pas au timbre éraillé et peu varié de Tim, d’autres au manque flagrant de moshparts ou de ralentissements beatdownesques pour orangs-outangs en marcel, certains se plaindront de ne pas aimer le hardcore old-school, bref, à ceux-là je crierai haut et fort: ‘Ben retourne écouter le dernier Folsom et les cochons seront bien gardés, gros !’ Mais pour ceux qui avaient pris leur claque avec ‘Are These Our Lives ?’ il y a plus de 10 ans maintenant (eh ouep, t’as pensé à ton testament, vieux ?), qui mettaient beaucoup d’espoirs en Stay Gold avant de les voir se manger du plomb dans leur aile dorée, mais qui trouvent pourtant que Champion sonnaient toujours pareil ou que Sinking Ships reste beaucoup trop niais en seront pour leurs frais! La structure d’Another Year et son rythme effréné comme ode au two-step, les singalongs sur le break de folie de Q And Not U, la rage et l’énergie qui se dégagent de Forget Me Not, le côté planant bienvenu de Puritan, et plus globalement la cohérence de l’ensemble auront raison de leurs derniers doutes. Vous ajoutez à cela des paroles abordant des thèmes certes sempiternels comme la perte de valeurs dans la scène hardcore (Another Year) ou le straight-edgisme, mais aussi plus personnels et lourds comme le suicide d’un proche (Seasons) ou le refus des soins pour questions religieuses comme chez ces abrutis de Témoins de Jehovah (A Blind Eye) et vous avez tout pour être aussi comblés que le Prince de la Légende Urbaine devant un groupe d’atmo-black ouzbek. Le soin apporté à l’écriture est d’ailleurs vraiment impressionnant, ça change des 40 mots de vocabulaire moyens de la majorité des groupes de beatdown! Finalement, ce qu’on retient de cet album après tant d’écoutes n’est plus le passé glorieux des membres mais leur avenir tout pavé d’or tracé devant eux. Ce n’est pas courant d’assister presque en direct à l’éclosion d’un futur grand groupe et je suis prêt à prendre les paris qu’ils dirigeront les débats dans les années à venir, sous réserve d’une séparation impromptue, bien évidemment, les zouaves étant un peu spécialistes du genre!

Cette fois, pas de suspense: ‘Seasons’ est un grand album, WAIT IN VAIN un futur leader de la scène et le hardcore old-school un style encore bien vivant! Je prends peu de risques en lui prévoyant une place dans les 5 meilleurs albums de mon top 2008 de fin d’année, tout simplement! J’espère qu’il figurera aussi dans les vôtres, au passage! En tournée, maintenant, et si possible par l’Afrique… Damn !


Rédigé par : Candiria-Thon | 17/20 | Nb de lectures : 10371