Blackie Lawless (chant/guitare) a toujours traîné une sale réputation. Il était la figure de proue de W.A.S.P. dans les années 80, le leader du groupe (et principal compositeur), qu'on voyait partout, en couverture des magazines, en interview, et sur les pochettes des albums de W.A.S.P.
Un despotisme qui l'a amené à se retrouver tout seul, sans groupe, après « The headless children ». Alors que l'importance de Chris Holmes (guitare) dans l'identité de W.A.S.P. était indéniable. D'ailleurs, pour les indécrottables nostalgiques comme moi, à qui Chris « Chewbacca » Holmes manque, vous pouvez le retrouver aujourd'hui dans le groupe WHERE ANGELS SUFFER, avec deux autres anciens membres de W.A.S.P : Randy Piper (guitare) et Stet Howland (batterie)!
W.A.S.P. est donc devenu le projet solo de Blackie Lawless à partir de « The crimson idol ». Après ce chef-d'oeuvre, Noireaud Sans Loi a continué de sortir des albums régulièrement. Mais des disques à la qualité trop inégale, et aux compos où le père Blackie nous ressort les mêmes plans ad vitam nauseam... Exception faite du monstrueux « K.F.D. », qui bénéficiait de l'influence de ce taré de Chris Holmes (brièvement de retour dans le groupe), et des deux derniers albums (« Dominator » et « Babylon ») qui font montre quand même d'un haut niveau d'écriture.
Tout ça pour dire que Blackie a toujours eu une attitude de Rockstar qui ne se prend pas pour de la merde, et qui le fait bien sentir aux gens qui le côtoient... Mais contrairement à d'autres leaders-tyrans des années 80 comme Nikki Sixx ou Dee Snider, Blackie croit sans doute qu'il est encore dans les années 80!... Autant des gars comme Sixx et Snider ont su mettre de l'eau dans leur vin, et avoir du recul par rapport au trou du cul qu'ils pouvaient être dans les glorieuses eighties, autant Blackie pense que son groupe a toujours autant de succès qu'avant, et que tout lui est dû. Et surtout, et c'est là le fait nouveau qui rend le personnage encore plus détestable qu'auparavant, il se fout royalement de la gueule de son public... Ce comportement s'est vérifié à maintes reprises depuis 2004 : fans en quête d'autographes délibérément snobés par son altesse, W.A.S.P. qui joue des concerts d'une heure (allez, 1H10 si sa majesté est d'humeur!), et plus récemment des annulations de shows à la dernière minute totalement injustifiées et scandaleuses...
Blackie se tire bêtement une balle dans le pied dans cette histoire car, comme je le disais, ses deux derniers albums sont très bons, et W.A.S.P. peut encore nous proposer de superbes concerts quand il veut, comme au Hellfest 2009 et à Paris en décembre 2009!
Once an asshole, always an asshole? Le grand naïf que je suis a envie de dire qu'il n'est jamais trop tard pour se remettre en question et changer...

Cette diatribe étant exprimée, je peux maintenant vous toucher deux mots sur ce nouveau Tribute à W.A.S.P., « The crimson covers ».
Et ça risque effectivement de dépasser à peine les deux mots, tant cet énième album hommage n'a quasiment aucun intérêt... Ce double CD est sorti sur un label indépendant allemand, et 14 des 23 groupes présents sur « The crimson covers » sont justement allemands; le reste venant de Suède, Roumanie, Espagne, Belgique, Brésil, Etats-Unis et même de France avec LONEWOLF. Des groupes de seconde zone, très peu connus, dont les covers n'amènent clairement rien par rapport aux chansons originales. Que ce soit des versions fidèles, mais franchement pas à la hauteur instrumentalement et vocalement. Ou des versions revisitées (voire carrément défigurées!) à la sauce Metal extreme ou Power Metal mélodico-pourri. Et même si dans le lot on en trouve quand même quelques-unes valables instrumentalement, le chanteur par contre n'arrive jamais à se montrer à la hauteur du chant de Lawless!
Et là il faut bien rendre à Blackie ce qui lui appartient : cet enfoiré a une voix unique, une des plus remarquables du circuit Metal, et il faut se lever tôt pour arriver à chanter correctement une des ses chansons! Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les chanteurs de ces reprises ont choisi en majorité de chanter le morceau un ton plus bas...

Dans cet océan d'inutilité, nage quand même quelques très rares bonnes surprises. Notamment cette version rigolote de « Mean man » chantée en allemand (par KNEIPENTERRORISTEN), une sympathique tentative Rockabilly sur « Blind in Texas » (par WYLDFYRE), un « 9.5.-N.A.S.T.Y. » très bien interprété à défaut d'être original (par CUSTARD), et surtout cette magnifique version folk-country de « Ballcrusher » par THE CHUCKIES (je suis fan du nom du groupe!), vraiment originale et jouissive!

Le reste de ce tribute album est foncièrement anecdotique, et doit juste être perçu comme un hommage (on espère sincère) de très modestes combos à ce grand groupe. Comme je vous l'ai dit le résultat ne casse pas deux jambes à un unijambiste, mais il a au moins le mérite de nous rappeler que W.A.S.P. est un groupe important, qui a pondu un nombre considérable de purs morceaux. Et puis ça m'a surtout donné envie de me réécouter tous les albums de W.A.S.P. du premier à « The crimson idol »!...


Rédigé par : Stéphane | 08/20 | Nb de lectures : 13757