Tant pis si je fais hurler quelques ayatollahs, je me lance : WINDIR a toujours été pour moi une baudruche que j‘étais impatient de voir se dégonfler. Même si j’ai toujours été plus baskets à languettes que sandalettes en cuir, c’était surtout le côté groupe inconnu qui n’intéressait personne, mais qui devient du jour au lendemain ‘culte’ à cause (grâce à ?) d’une tragédie, tout le monde jurant alors, main sur le cœur, qu’ils écoutaient religieusement le groupe chaque soir avant d’aller se coucher. Beurk. Pourquoi ce préambule a priori quasi-inutile alors que je suis censé vous causer de VREID ? Tout simplement parce qu’à moins d’être le con du fonds de la classe qui préfère regarder par la fenêtre plutôt que d’écouter le cours, vous savez sûrement que VREID est né des cendres de WINDIR et que malgré un rythme de travail digne des meilleurs stakhanovistes (quatre albums en cinq ans), ces Norvégiens n’ont toujours pas réussi jusqu’à maintenant à se dégager de l’ombre de leur aîné. Or justement : non seulement je n’en ai rien de carrer de WINDIR, mais en plus cela tombe bien car le travail d’émancipation de VREID déjà entamé il y a deux ans sur ‘I Krig’ porte ici enfin ses fruits. Tout ça pour dire que le nom de WINDIR ne risque pas de réapparaître dans cette chronique. Tant mieux ? Pas sûr…

Comme ‘I Krig’, ‘Milorg’ se nourri de textes historiques décrivant l’expérience vécue par les résistants Norvégiens lors de l’occupation Allemande de la Seconde Guerre Mondiale qui a laissé quelques traces, surtout dans le Nord du pays. Le nom ‘Milorg’ fait d’ailleurs référence à la plus grande organisation de résistants de l’époque… Un point de vue donc personnel et humain sur cette machine à Hachi-Parmentier géant que fut cette sale époque qui a le mérite de changer des éternelles histoires de tanks labourant tout sur leur passage. Le problème est que l’on ne retrouve pas cette volonté de se différencier dans leur musique. Si le black n’roll à la SATYRICON de ses deux premiers albums a disparu, VREID n’arrive pas à construire une identité propre et continue son petit jeu d’éponge à tendance, essayant désormais de singer ENSLAVED dernière époque, mais sans la mystique et surtout le sens épique qui va avec. Si les passages purement black passent plutôt bien, dès que la pédale de distorsion est débranchée et que leur chanteur s’essaye à quelques passages en voix claire, la machine cale irrémédiablement. Car malgré tous ses efforts, et notamment cette volonté de conserver un son chaud et granuleux plutôt que de céder aux sirènes du tout-digital, on s’emmerde quand même un petit peu beaucoup. Aucun titre ne réussit à vraiment accrocher l’auditeur, ou alors à la rigueur « Blücher », l’un des seuls du lot à réussir à mélanger tous ces éléments sans que le résultat n’apparaisse un peu surfait. Et encore, sa seconde partie purement instrumentale retombe dans les mêmes travers, commençant avec une ligne mélodique assez entêtante qui, hélas, fini dans un cul-de-sac par manque de direction claire. Et surtout, et même si la moitié des textes de ces huit nouveaux morceaux sont en Anglais, on n’arrive pas vraiment à rentrer dans ce concept a priori original mais qui reste très évasif. N’ayant qu’un CD promo sous la main, je ne dis pas qu’une fois l’objet fini en mains, avec les paroles et tout le zinzin, tout cela prendra enfin forme. Mais bon euh, pour l’instant, j’en doute et tout cela reste une belle promesse non finalisée et une ligne dans une argumentaire promo.

Alors même si je n’avais donc rien à foutre de WINDIR (ah merde, je m’étais promis pourtant de ne pas le ressortir celui-là), à l’inverse j’ai un gros capital sympathie à l’encontre des ex-vikings de VREID qui ont réussi à surmonter la mort de leur ancien leader et qui ont surtout bossé comme des malades ces dernières années. D’ailleurs, deux mois à peine après un premier passage parisien avec KAMPFAR, ils seront déjà de retour au Nouveau Casino le 14 Avril prochain en première partie de PESTILENCE. Mais voilà, des gars bien sympas et bosseurs, cela ne fait pas forcément hélas un bon groupe. Et tous motivés qu’ils soient, ils semblent que pendant que leurs potes ont droit au tapis rouge et à un voiturier, VREID sont condamnés à garer leur drakkar en double file en croisant les doigts très forts qu’ils ne soient pas obligés de devoir le récupérer à la fourrière le lendemain…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 11/20 | Nb de lectures : 11621