Non, l’Australie ne se résume pas à AC/DC, à la série Hartley, cœurs à vif, et à son équipe nationale de rugby, les célèbres Wallabies. Ce pays a enfanté, dans la plus grande discrétion, et ce il y a quelques années maintenant, un groupe répondant au nom de VOYAGER. Déjà auteur de deux albums, cette formation, sans crier gare, vient de pondre un petit bijou d’album qui devrait, s’il est une justice en ce bas monde, lui permettre de sortir du relatif anonymat dans lequel elle évolue jusqu’à présent. "I Am The Revolution" présente des musiciens ayant incontestablement gagné en maturité, capables de pondre des mélodies lumineuses et de transporter l’auditeur loin, très loin, dans un univers musical relativement personnel.

Si le propos tend parfois à s’éloigner du metal pour explorer d’autres mondes (musique électronique, rock progressif, voire pop), VOYAGER œuvre de façon générale dans un registre metal progressif moderne et mélodique, qui peut, par instants, rappeler des groupes comme SHADOW GALLERY voire PAIN OF SALVATION, notamment pour la charge émotionnelle du chant. D’une extrême diversité, ce troisième essai prend parfois des chemins détournés, des voies plus agressives, comme sur ce premier titre, « Land Of The Lies », où l’influence de SOILWORK est clairement perceptible. Certains refrains font penser à l’inverse à une version metal du groupe pop A-HA. Ce grand écart musical, qui peut surprendre de prime abord, est en fait remarquablement agencé : à aucun moment, cet album ne souffre d’un problème de cohérence. Mieux encore, les 55 minutes que dure ce "I Am The Revolution" passent en un rien de temps, pour peu que l’on adhère à la musique des Australiens.

L’originalité de VOYAGER tient en partie à la personnalité de son leader, Daniel Estrin, principal compositeur de la formation, et responsable de parties vocales de toute beauté. Alternant le chant clair et des vocaux plus extrêmes (plus rares), l’homme affiche une sensibilité à toute épreuve sur certains titres (« Lost », « In My Arms »). Le grand frisson vous attend en fin d’album avec « Without A Sigh », où le chant aérien du vocaliste n’est porté que par quelques nappes de synthés pour un titre du plus bel effet, navigant quelque part entre l’ambient et la cold wave. Le rôle des claviers est d’ailleurs prépondérant (« Common Ground »), et contribue à l’extrême richesse de la musique proposée.

Si les premières écoutes peuvent s’avérer déconcertantes, l’évidence que l’on tient ici un album sortant de l’ordinaire s’impose en fait très rapidement. Émaillé de plusieurs tubes potentiels (« The Devil In Me », le hit de l’album, pour lequel un clip a d’ailleurs été tourné, « On The Run From The World », « Total Existence »), "I Am The Revolution" réussit le pari d’offrir une musique complexe, aux atmosphères diversifiées et aux structures parfois alambiquées, sans jamais tomber dans le redondant ou le cliché.

Voici donc un disque de grande qualité, aux frontières du metal, qui révèle toutes ses subtilités et ses surprises au fil du temps. VOYAGER, en signant le meilleur album de sa courte carrière, vient assurément d’entrer dans la cour des grands. La révolution est en marche.


Rédigé par : up the irons | 16.5/20 | Nb de lectures : 11203