Hé bien, voilà une nouvelle curiosité dans notre toujours inventive scène française. VORON, existant depuis 2013, a été formé autour de… Voron de MADONAGUN, groupe qui n’était déjà pas évident à aborder avec son « Dark Metal progressif ». Accompagné de Yannoux et Pierre et d’invités jouant dans également dans MADONAGUN ainsi que T.A.N.K. et ARKAN, VORON donne, si l’on suit simplement la fiche promo, dans un « Death Metal industriel ». Mais comme diront certains, les étiquettes, c’est fait pour les slips, pas pour la musique, et avec Propaganda son premier album VORON joue sur un paquet de tableaux.

"Propaganda" ouvre cet album avec de beaux effets électro futuristes, avant que les riffs à la fois groovy et mélodiques ne prennent le relai, puis la grosse voix de Voron. On pense alors tout de suite à une sorte de SAMAEL ou RAIN mâtiné de Death groovy, syncopé et mélodique. Les influences sont identifiables mais il faut s’y retrouver et VORON frappe déjà de par son originalité au sein de cet excellent morceau-titre d’ouverture, finissant d’ailleurs dans un déluge de leads et de solos en tout genre. "Is Suicide My Fate" poursuit l’album dans ce melting-pot Death-Indus avec quelques riffs accrocheurs, de jolies incursions électroniques et toujours des solos bien sentis, mais VORON continue à abattre ses cartes : des percussions tribales font leur apparition ainsi que du chant plus heavy. Mais dès "Kill This Day", les ambiances évoluent encore : une atmosphère orientale apparaît soudain, grâce à des chœurs arabisants et des instruments typiques, accompagnant les riffs appuyés, les effets électro et la voix death, on pense parfois à FEAR FACTORY ainsi qu’au vieux Death gothique hollandais. VORON ne se fixe pas de limites et son paysage musical s’étend à travers de nombreuses frontières.

Mais comme l’on dit les publicitaires de SFR « c’est pas fini » vu que "Apocalypse", sur la base metallique et mélodique classique du groupe, propose un refrain accompagné d’orchestrations et de chœurs… VORON a presque posé toutes les particularités de son Metal, et Propaganda va donc continuer à égrener des morceaux « classiques » avec toutes les particularités proposées par le groupe jusqu’à présent, avec encore quelques variations de chant : "Willingly" voit le chant heavy prédominer, tandis que pour "Fall of the Risen" c’est un chant arraché qui se fait entendre. VORON laisse aussi un peu de côté ses bidouillages électro pour se concentrer sur son SAMAEL version mélo-death, bien sûr agrémenté d’instru orientales ("The Funeral of Time", "Justice") ou de passages sympho ("The Funeral of Time"), et Propaganda se clôt avec le plus épique "I Dreamt" où l’aspect oriental voulu par le groupe en est à son paroxysme.

36 minutes déroutantes sont ainsi au programme de Propaganda, album digeste dans l’absolu (les morceaux sont tous plisés en 3 à 5 minutes) mais tout de même difficile à aborder en première approche. De nombreuses influences résonnent là-dedans (un morceau comme "Willingly" montre aussi un background Metal franco-français à la GOJIRA et consorts), et VORON est un groupe inventif, sur un trident Death-mélo-groovy / Metal Indus / Metal oriental. Après, Propaganda est un premier album qui montre surtout le potentiel du groupe, des ajustements sont nécessaires sur le fond et la forme (chants et production sont à améliorer), car tout ceci est sacrément riche et a donc besoin de trouver un équilibre histoire que toutes les composantes de l’art de VORON puissent collaborer à merveille. J’affectionne plus le début de l’album qui propose une intéressante variation plus groovy et grasse du Metal SAMAELien, mais l’apport des sonorités orientales mérite également le coup d’oreille surtout quand les compos sont un minimum efficaces. Une démonstration sympathique et prometteuse, pour un beau potentiel au niveau de l’originalité et de la personnalité, qui devra être confirmé par un second album plus cohérent.




Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 8477