Si l'écrin sonore ne rendait pas totalement justice à Sabbathical Flesh Possession, premier album des Franciliens de Vorkreist, Sublimation XXIXA sorti en 2006 avait tous les atouts d'un très bon album de death/black, auquel il aura probablement manqué une distribution plus conséquente. Le groupe était donc quelque peu attendu au tournant pour sa troisième offrande, trois ans après le précédent (comme à l'accoutumée). Celle-ci est finalement sortie chez Trendkill après deux albums pour l'écurie espagnole Xtreem. Vorkreist semble aimer les labels aux accents méditerranéens chantants.

Gros changement survenu depuis Sublimation...: le vocaliste SRK s'est fait virer, laissant le micro à Saint Vincent (Blacklodge, TAOS, l'intérim le plus court de l'univers chez Merrimack). La nouvelle est de taille tellement il est parfois casse-gueule de changer de chanteur. Hormis cette modification notable, le line-up est resté stable, autour de membres de Love Lies Bleeding, Hell Militia et Merrimack.

Et dès le premier accord, l'annonce est faite : on retrouve bien le son lourd que la formation avait adopté sur son précédent opus (et qui lui sied très bien). Pour peu que l'on apprécie le death/black des Franciliens, le ticket d'entrée pour ce nouvel album est donc déjà dans la poche. Les titres alternent fureur et glauquitude, puissance de feu et ambiance de plomb. Usant autant de l'atmosphère du black que de l'efficacité du death, les Franciliens nous servent encore un album empreint d'une forte personnalité.

Néanmoins, Vorkreist a évolué. Moins rentre-dedans, la musique du groupe gagne en lourdeur pour poser des atmosphères plus sombres et poisseuses. J'avoue ne pas être convaincu par cette légère mutation, cherchant plutôt avec Vorkreist à me faire piétiner par un troupeau de boucs qu'à me faire lécher la figure par le même animal. En ce sens, Vorkreist suit un peu le chemin du dernier Merrimack, qui s'en est également allé vers les ambiances au détriment de l'écrasement. Mais si je suis un chouia moins convaincu niveau riffs, il faut reconnaître que le travail accompli est toujours d'une belle qualité avec des riffs qui sont par moments excellents. En fait, mon véritable souci n'est pas là.

Mon gros point noir, un point du genre à vous motiver à mettre un patch ridicule sur le pif, c'est la voix. Il faut avouer que je ne m'y retrouve pas dans les vocalises de Saint Vincent, qui me semble par comparaison avec son prédécesseur manquer de puissance et d'agressivité. Officiant dans un registre plus torturé, avec notamment des chants "semi-clairs" décadents, le hurleur sonne bien plus dans l'univers froid de Blacklodge que pour habiller les assauts de Vorkreist. Et si le chant est convaincant sur les passages les plus dérangeants (l'intro de "Worms"), la sauce tourne à l'aigre dans les morceaux les plus dynamiques (où les doublages de voix sautent bien aux oreilles). Les vocaux égosillés de Saint Vincent, comme le dernier souffle d'air d'un agonisant, ne me semblent pas l'organe le plus adapté pour donner une hargne et une dynamique aux titres pêchus. Et difficile quand on ne l'aime pas de ne pas être sans cesse ramené à la voix car elle ressort largement du mix, focalisant l'attention au détriment du riff (le "every day" scandé dans "Atreidae" est délicat).

Au final, je reste mitigé devant cette nouvelle cuvée de Vorkreist. Sickness Sovereign me paraît moins percutant que Sublimation XXIXA, qui dépotait l'eucalyptus de maman. Vorkreist livre un bon album, où je n'apprécie pas le nouveau vocaliste. En espérant être convaincu lors des concerts, je ne peux que vous conseiller une écoute attentive de cet opus.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 12207