Psychohygiene est la traduction allemande pour santé mentale. D’après wikipedia, l’OMS définit la santé mentale comme suit : un état de bien être dans lequel l'individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux tensions ordinaires de la vie, et est capable de contribuer à sa communauté. Les Allemands de Vom Fetisch Des Unbeirrtheit se servent donc de ce concept médical pour bâtir leur premier album, qui sort sur le label chinois Temple of Torturous. Le pitch de l’album ? Comment atteindre la santé mentale grâce à un voyage musical et littéraire. Le groupe insiste sur la bio accompagnant l’album qu’il s’agit d’une méthode individualiste. VFdU a donc bien bossé son sujet. D’autant plus que l’album, sous la forme d’un double disque, est sorti au format digibook A5, avec pour chaque titre, les textes en allemand et en anglais. Le tout illustré de photos retravaillées, pour donner une ambiance médicale glauque, type hôpital psychiatrique ukrainien période guerre froide. Comme je le disais, le groupe s’est vraiment sorti les doigts pour pondre ce premier essai, contenant deux disques, pour un total de 16 morceaux pour environ 1h50 de musique. Et c’est là qu’intervient mon problème à l’écoute de tout ça.

Les Allemands ont fourni un effort impressionnant pour sortir un album réfléchi, conceptuel, abouti. Chaque morceau, bien que différent des autres a sa propre histoire, liée aux paroles et à l’état du patient. Chaque titre représente une étape dans le long chemin qui guide à la santé mentale. D’ailleurs, le premier disque est très différent du second. Plus organique, le groupe utilise les instruments de manière traditionnelle, ayant pour résultat des morceaux résolument metal. Alors oui, le groupe varie les styles et ne s’enferme pas. Partant d’une base black metal, il expérimente et ajoute dissonances, ruptures de rythme, passages syncopés ou plus traditionnels se succèdent ainsi. Le chant est le plus souvent plaintif, toujours dans cette éructation black metal. Sur quelques passages, il est également parlé, voire pleuré.

Le second disque oublie toute structure metal. Il s’agit d’un disque électro/noise, basé sur des boucles absurdes et se préoccupant plus des ambiances glauques en posant des nappes électro qu’avec des instruments et des structures classiques. Sur ce deuxième disque, tout n’est que bruits et apparitions fantomatiques. Le chant est lui à ce moment parlé, récité, comme si on lisait des comptes-rendus de consultations psychiatriques.

Le groupe a donc fait un gros gros boulot. Et, comme je le disais, ça me pose un problème. Parce que tout ce travail, je vais le balayer en une phrase assassine : si vous tenez à conserver une santé mentale à peu près équilibrée, n’écoutez pas ce disque. Ca paraît facile et gratuit, c’est vrai. Pourtant, l’écoute de de "Psychohygiene" est franchement épuisante voire insupportable. Sur le premier disque, les morceaux n’ont ni queue ni tête, le chant est ridicule les trois quarts du temps et on a plus l’impression d’écouter un délire qu’autre chose. Sauf que le délire peut être écoutable, là non. Quant au second disque, j’ai juste eu envie de jouer au frisbee avec. Les boucles électro et les bruits dérangeants deviennent très vite insupportables, et il faut vraiment de la conscience professionnelle pour venir à bout du disque.

VFdU a décidé de mettre en musique son propre cheminement vers la santé mentale. Malheureusement, ce qui a fonctionné pour les Allemands n’a clairement pas fonctionné pour moi. Au contraire, ce premier album, double, n’était pas loin de me rendre fou. A moins d’avoir du temps à perdre ou d’être vraiment curieux, je vous invite à trouver votre propre moyen de vous libérer l’esprit.


Rédigé par : Skay | 06/20 | Nb de lectures : 11966