Comment vous dire ?... VOMITORY, c’est un peu comme une bonne gerbe après avoir trop picollé : ça vous fait un bien fou sur le coup, mais quand vous pensez avoir tout dégueulé, que vous contemplez piteusement les restes de pizza à peine mâchée baignant dans un immonde mélange de pastis et de binouze bon marché et que les spasmes vous reprennent, la bile verdâtre qui accompagne vos râles fait déjà beaucoup moins de bien. Même mécanisme avec les suédois, on prend une grosse giclée de blasts dans la tronche qui fait exploser le taux d’adrénaline, mais on finit généralement par crier grâce avant la fin de l’album. Je sais, commencer une chronique de VOMITORY en partant d’emblée sur le clin d’œil dégueux à son patronyme peut sembler facile, mais ranafout’ ! D’une part c’était trop tentant, d’autre part je ne pense pas qu’un groupe appelant avec tellement de délicatesse son dernier album « Terrorize, Brutalize, Sodomize » m’en tienne rigueur…

Trois ans après « Primal Massacre », on prend presque les mêmes et on recommence : Ulf Dalegren est parti en 2005 après une quinzaine d’années passées à balancer du riff death, rapidement remplacé par Peter Östlund dont les aspirations thrash se font sentir à plusieurs reprises sur « TBS ». Je ne m’attendais pas à ce que ce sixième album soit une révolution, et ce n’en fut pas une… quoi que ! En effet, si VOMITORY reste toujours aussi brutal et old school, il marque ici et là quelques ralentissements floridiens bien sentis et pesants (« The Burning Black », volé dans la réserve d’OBITUARY, « Whispers From The Past » le bien-nommé) qui cassent le rythme effréné mais assommant des autres morceaux. Dommage que le groupe n’aie pas cherché à jouer plus sur ces variations de tempo, « …Sodomize » n’en aurait été que plus percutant à mon avis, d’autant qu’il aurait pu jouer une autre carte : celle du riff punk. Sur presque chaque album il nous balance en effet au moins un morceau punkisant blindé de testostérone death metal qui dégage deux fois plus d’énergie qu’un titre blasté ultra classique (ici « March Of Oblivion », qui hésite entre thrash et punk pour crêteux en mal de gros son), ce serait peut-être une voie à explorer.

« Terrorize, Brutalize, Sodomize » n’est donc ni le meilleur ni le pire album de VOMITORY, il est simplement un disque de plus pour un groupe qu’on ne risque pas un jour de taxer d’opportunisme mais qui risque de finir par lasser même ses fans les plus fidèles. Divertissant, étourdissant de brutalité, mais dispensable à moins d’être un collectionneur acharné. L’édition limitée comporte un DVD bonus contenant un live enregistré au Summer Breeze 2004 et un autre au No Mercy de la même année à Strasbourg, une occasion néanmoins pour le collectionneur que j’évoquais plus haut de compléter la série entamée avec les lives de CANNIBAL CORPSE et HYPOCRISY offerts avec leurs derniers albums respectifs.


Rédigé par : Dungorpat | 13,5/20 | Nb de lectures : 11961