Bon cette fois-ci, c’est la bonne. En cet automne 2011, la scène Djent semble enfin prendre son envol. Bien évidemment, bon nombre de formations (ou de one-man bands seuls devant leur webcam) sont apparues depuis 2 ans, mais peu sont celles qui ont décroché un contrat discographique pour sortir un premier album. Mais là, c’est parti, y compris les quelques arlésiennes inhérentes au style. Après TESSERACT plus tôt cette année, UNEVEN STRUCTURE, VILDHJARTA et STRUC/TURES vont entrer sérieusement dans la danse, et chronologiquement ce sont les Américains de VOLUMES qui vont ouvrir le bal d’automne avec leur premier album Via (initialement appelé The Columbian Faction, le changement récurrent de nom d’album est aussi une caractéristique des groupes de Djent).

Pourtant Via n’a pas été vendu comme un album de Djent, alors qu’il en présente bon nombre de particularités. Le groupe a été classé « Metal-Hardcore », probablement à cause de leur signature chez Mediaskare, alors que leur EP éponyme de 2010 (aussi connu sous le nom de The Concept Of Dreaming) était apparu au beau milieu de la scène Djent. Bon il est vrai que la casquette bien vissée sur le crâne d’un des 2 chanteurs de la formation peut prêter à confusion (en même temps quand on voit le brailleur de DESPISED ICON…), mais VOLUMES fait bien du Metal aux sonorités polyrythmiques acérées, aux passages atmosphériques et à l’aspect ultramoderne influencé par le metalcore/deathcore… ce qui est plus ou moins la définition du genre Djent (ou Math-Metal si vous voulez, ça revient au même). Alors…

Pourtant, l’aspect purement « Math »/polyrythmique/syncopé n’est pas ce qu’il y a de plus important dans ce disque (on va avoir du mal à s’en sortir !). Quelques rythmiques sous-accordées, certes omniprésentes, mais un peu monocordes sur l’ensemble de l’album, sans grande variété. Bon est pas chez EMMURE pour autant et ces riffs syncopés sont un minimum intéressants sur l’ensemble de l’album (mieux que chez EMMURE qui est intéressant sur un titre… ou 30 secondes… ou 5…), assurant le côté direct et accrocheur de Via en provoquant quelques headbangs. Pour le reste, VOLUMES œuvre dans un Metalcore progressif très bien torché, avec des breaks atmosphériques d’obédience Post-Rock bien lumineux, des mélodies qui retiennent l’attention, un chant clair très parcimonieux (c’est mieux quand c’est discret) et des chants Metalcore très efficaces. Les deux hurleurs de la formation, Michael Barr et Gus Farias, sont parfaitement complémentaires et portent bien les compos assez catchy et punchy à la fois.

Via démarre d’ailleurs fort avec les deux brûlots que sont "Paid in Full" et "Wormholes". Le premier nous accueille avec une ambiance sombre et torturée assez Thordendalienne et des rythmiques coup-de-poing, et le second est un sacré tube avec des tempos admirablement variés. Et l’album trouve très vite son équilibre, dès "Limitless" qui démarre en rouleau-compresseur avant de proposer des mélodies épiques très entraînantes et une mosh-part centrale écrasante à souhait. Le côté syncopé ne néglige pas l’apport des mélodies, et vice-versa. Quitte à être un peu WTF parfois, comme le passage en chant clair qui déboule au beau milieu du très Catch 33-esque "The Columbian Faction". On passera aussi de morceaux haut perchés comme "Serenity" avec des mélodies et solos mirifiques et "Edge of the Earth" avec des petites incursions électroniques et un refrain superbe, à des plages globalement plus rentre-dedans comme "Affirmation of Ascension" (avec un refrain très accrocheur), "Intake" (au tempo plus pesant et aux trémolos Post-Rock) et "Behind the Curtain" (qui possède les meilleurs parties Math du disque). L’album se clôt par le morceau-titre qui nous montre encore une fois cet équilibre subtil entre guitares Djent qui cognent et passages « progressifs » très lumineux à l’image de la pochette, un équilibre ma foi très réussi.

Pour un premier album, VOLUMES se débrouille très bien, mais c’est quand même dommage que l’aspect « Math » soit si peu étoffé, malgré qu’il soit efficace. Il y a pas mal de potentiel chez ce groupe, bien qu’il ne soit pas le seul à proposer un mélange entre Metalcore Djenty et incursions atmosphériques. Les deux chanteurs assurent le minimum d’originalité et, associés aux compos qui vont à l’essentiel, font de Via un très bon album. On s’éloigne aussi nettement de MESHUGGAH, même si on ne reste pas très loin de leur sillage. Un album « classique » au sein de sa scène mais plus qu’honorable, qui peut plaire aux mordus de Djent tout comme aux amateurs de metalcore/deathcore moderne aux influences multiples.


Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 13545