CCP Records nous ont tellement procuré de grands moments avec les découvertes fascinées de Dornenreich, d’Enid et de quelques autres groupes en avance sur leur temps que l’on ose à peine leur reprocher de ne sortir que des sous-produits depuis près de trois ans… Et pourtant comment qualifier autrement une impressionnante lignée de ratages plus ou moins complets qui culmine aujourd’hui avec ce pathétique album de Vobiscum ? Le seul facteur qui pourrait expliquer – sinon justifier – la signature de cette clique autrichienne désespérante serait que le beau-frère de Claus Prellinger soit le préposé au micro. Ou plutôt le chat du beau-frère de Prellinger, si l’on se fie aux borborygmes stridents et sans contenance qui s’écrasent comme du crachin baveux sur une toile instrumentale non seulement très mauvaise, mais en plus étrangement dénuée de colonne vertébrale. Les compositions de Vobiscum ne progressent pas au fil d’un profil rythmique intelligible. Au mieux elles rampent, gauches et hésitantes, puis détalent par à-coups sans puissance ni coordination, laissant seules au gouvernail des guitares sans envie dont la consistance est, dans ses phases les moins diarrhéiques, comparable à de la gelée de groseilles après dix minutes au micro-ondes. De temps à autres une maigrelette ligne symphonique entre sans frapper, et c’est tout à coup comme si l’on écoutait deux pistes ignorées l’une de l’autre et emboîtées à la sauvette, la première capturée sur un quatre pistes dans les tréfonds d’une caverne, la seconde en chambre accouchée avec le mode réverb’ du synthé poussé au maximum. Ce à quoi le groupe tente de parvenir est pour moi un mystère total, mais une chose est sûre : ce n’est pas du black metal, ce n’est pas de la musique pour 95% de la surface du CD et ce n’est rien de spécialement identifiable le reste du temps. Pour d’autres groupes le fait d’évoluer au-delà de toute définition est un compliment, pour Vobiscum c’est un douloureux constat, et à mon avis personne ne fera l’effort de cogiter pour ajouter à leur santé une nouvelle rubrique au grand catalogue des styles. Un rapide coup d’œil au livret, truffé de polaroïds artisanaux représentant tantôt le groupe en tenue de bataille dans les poses burlesques de rigueur, tantôt une colonie de joyeux drilles tout sourire pendant une surprise-party en corpse-paints, suffit à confirmer que les individus qui se cachent derrière Vobiscum n’ont aucune intention de proposer un produit soigné, pire : ils offrent d’une scène extrême autrichienne déjà pas très en verve ces temps derniers une image peu reluisante. Triste CCP… La dernière bouse avant l’aurore ?


Rédigé par : Uriel | 03,5/20 | Nb de lectures : 9605