VLADIMIR BOZAR ‘N’ ZE SHERAF ORKESTÄR - Universal Sprache (Imago production) - 10/02/2009 @ 08h55
Oui, je sais bien ce qui traverse votre esprit alors que vos yeux rétines viennent d’être brûlées par le visuel qui siège en haut à droite de cette chronique : la notion de bon goût aura rarement été aussi malmenée que sur l’artwork, on ne peut plus anti-commercial que VLADIMIR BOZAR ‘N’ ZE SHERAF ORKESTÄR s’est trouvé pour son premier album. D’un autre côté vous vous dites probablement que si la ramage se rapporte au plumage et au blase, il est logique que le groupe se soit choisi un visuel qu’on désignera pudiquement par l’adjectif : différent (et je vous parle même pas de l’intérieur du livret). Mais c’est vrai qu’à l’approche de la découverte du contenu, entre le nom du groupe et ses goûts esthétiques, on se sent à peu près autant en confiance qu’avec un chirurgien vous jurant indolore l’émasculation avec un bistouri rouillé.

Et c’est vrai qu’on n’est pas déçu du voyage lors d’une première écoute parce que dans la catégorie des pathologies assez lourdes pour ne pas dire des sérieux « pêtes au casque » les VLAD’s se posent bien là.

Expérimental ! Oui là c’est certain, c’est bien le premier mot qui vient à l’esprit quand on découvre l’univers(al sprache ?) bien particulier et pourtant vaguement familier des camisolés Niçois. Oui vaguement familier puisque nés des cendres de CHILDREN OF INVENTION, un Tribute band au grand Zappa, les VLAD’s se sont vite trouvé un exutoire pour traiter au mieux leurs hypertrophies créatrices. Enfermés dans leur laboratoire (que certains appellent aussi « local de répet’ ») avec tout un tas d’instruments et encore plus d’idées plus ou moins saugrenues, les VLAD’s n’allaient pas tarder à se faire remarquer au point de s’attirer les grâces et le mixage de leur album à Seattle par des membres d’ESTRADASPHERE. Comme c’est souvent le cas lorsque de grands malades mettent leurs maux en commun, le résultat est totalement déroutant, hallucinant, ubuesque pour ne pas dire traumatisant.

Pour résumer de façon concise les artefacts musicaux de prédilections des Sudistes, on pourrait désigner leur musique comme la contraction d’un Mr BUNGLE bien esquinté, d’un Zappa toujours aussi humoristique, d’un ESTRADASPHERE, d’une belle louchée de métal extrême centré sur le triptyque death/thrash/black ; le tout transposé dans un esprit assez français qui explique certains hommages bien franchouillards mais toujours bien dosés.

Alors vu les affinités nourries par les VLAD’s, il faut bien entendu s’attendre à tout ou presque, des plans de folklores tziganes sortis tout droit d’une bande originale d’un film d’Emir Kusturica, aux overdubs en passant par des délires japonisants, du flamencos, du jazz, des cuivres, du xylophone, une imitation de Brassens, de la musique de fête foraine et tout un botin d’idées piquées aux comédies musicales, aux musiques de films (« Les Aventures de Rabbi Jacob », « The Nightmare Before Chrismas »), à la pub et à à peu près tout ce qui a bien pu leur passer à portée des oreilles. Le lien commun à tout ce joyeux merdier ? Un goût plus que prononcé pour la mise en scène, la musique traitée dans sa forme la plus inattendue, la plus théâtrale et parfois même la plus parodique. Les VLAD’s frappent inévitablement là où on ne les attend pas et toujours avec la même frénésie débridée. Ainsi l’un des ghost track à la fin de l’album n’aurait pas dépareillé sur le dernier album des GRONIBARD alors que les dernières minutes du disque poussent l’auditeur dans les derniers retranchements de la tolérance pour finalement devenir véritablement insupportable (personnellement je coupe inévitablement le disque une paire de minutes avant la fin). Pourtant un disque comme celui-ci se savoure avec une certaine jubilation et la succession de toutes ces facéties se déguste sous un jour différent à chaque nouvelle écoute. Il faut dire que l’œuvre en question regorge d’une foultitude de détails qu’il serait laborieux de décrire avec minutie.

Voilà, vous croyez maintenant savoir à quoi vous attendre mais dites-vous bien que vous n’êtes absolument pas au bout de vos surprises. Cet article est maintenant terminé et c’est donc, le torse bondé, la tête haute et le mal de tête imminent que je peux me laisser aller à l’autosatisfaction ultime d’avoir réussi à coucher cette prose tout en écoutant ce disque en boucle sans que ma raison ne vacille. C’est bien simple… je m’épate. M’épate… oui mais… des Panzoni. Et meeeeeerde !
Tonton

Thrash + funk + folklore d'europe de l'est + techno hardcore + Dub orientalisant + Break beat + Metal + Drum & Bass + Envolées épiques + Grosses voix + petites voix + Violons tziganes + Mélodies infantiles + Flamenco + Thème sautillant en fil rouge + Jazz manouche + Samples divers, le tout en quelques 5:15 pour un premier morceau qui semble traduire en musique le délire visuel que VLADIMIR BOZAR 'N' ZE SHERAF ORKESTÄR nous propose avec la pochette de son album « Universal Sprache ». Pochette d'ailleurs sous le haut patronage de la marionnette de Georges « Je bandeuh, je bandeuh » Brassens. En gros, c'est un bordel impressionnant et d'un goût pour le moins particulier qui échappe finalement à toute notion de « bon » ou de « mauvais », mais qui s'avère cependant nettement plus organisé qu'il n'y paraît.

Car ces niçois œuvrent dans la multitude (ou variété, pour ne pas dire surenchère, c'est selon): multitude de styles abordés, multitude des instruments utilisés et multitude des sonorités, la cohérence de leur œuvre résidant finalement dans cette ambiance totalement délirante, voire déliranteS tant même sur ce point la multiplicité fait force de loi.

La suite de l'opus est bien évidemment à l'avenant, et aborde avec une maestria impressionnante à peu près tous les styles musicaux susceptibles de venir à l'esprit. Même le « classique » y passe avec l'intro au piano du second morceau qui part dans des ambiances jazz, metal fusionesque à scratch ou plus velu, reggae-ska, j'en passe et des meilleures. Les voix, qui balaient un large spectre d'intentions (du growl au crooning, en passant par le lyrisme le plus épique), et qui sont partagées entre un chanteur principal et une bassiste-claviériste-chanteuse, proposent des paroles essentiellement en français et auto-proclamées stupides. La base musicale quant à elle est servie par une formation qui pulvérise allégrement le sacro-saint guitare-basse-batterie: accordéon, claviers, samples, violon, et percussions diverses.

SHERAF comme ils aiment à se surnommer pour faire (paradoxalement) simple s'est formé sur les cendres d'un groupe de reprise de Zappa (The Children Of Invention) et d'un groupe de « carnaval core » (Jean-Paul Trash), et comporte donc 7 membres qui semblent tous plus musicalement azimutés les uns que les autres, ce qui explique probablement la teneur d'un discours qui révèle un paquet de lubies.

On pourrait citer une obsession pour les pâtes, traduite dans l'artwork du disque ainsi que dans le diptyque des morceaux 3 et 4 « Panzoni Pasta » , le premier voyant Pedral, le chanteur principal, déclamer a capella sur un ton ironiquement tragique les paroles absurdes et surréalistes du second. Ou encore un amour prononcé pour des thèmes est européens ou yiddish avec de constants rappels à ce style et une reprise d'un thème de Vladimir Cosma, compositeur de la bande originale de Rabbi Jacob. Mais la liste ne serait de toute façon encore que par trop restrictive.

Oeuvrant dans le style Zap-Core Psychédélique selon leur propre aveux, la joyeuse bande de sudistes a d'ailleurs tissé de solides liens avec le collectif SECRET CHIEFS 3 (projet parallèle de membres de feu MR. BUNGLE). Ils bénéficient en effet de leur haut patronage sur scène (avec la participation de MÔSSIEUR Trey Spruance à un de leurs concerts, ou une tournée française en commun récemment), mais aussi sur disque, puisqu'un certain nombres des participants à la formation ont apporté leur pièce à l'édifice « Universal Sprache. Ces derniers ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, tant la formation niçoise fait preuve de maîtrise et d'efficacité dans la réalisation de sa salade.

Au final, pour citer des références en ligne directe avec Violent Solutions, l'œuvre rappelle MR. BUNGLE, mais aussi SYSTEM OF A DOWN, ou CARNIVAL IN COAL et PIN UP WENT DOWN pour rester dans notre (douce?) France, mais se montre moins foncièrement métal et définitivement plus variée dans les styles musicaux abordés… exception faite des deux morceaux cachés en fin de piste 11, peu ou prou dénués d'intérêt musical (d'où la référence à Brassens peut-être?), et dont le seul intérêt se révèle(rait?) purement humoristique.
NicoSata

La page myspace du groupe - 264 téléchargements


Rédigé par : Tonton16/20 - NicoSata 15/20 | 15,5/20 | Nb de lectures : 11021




Auteur
Commentaire
Drumetal
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 09h03 - (67790)
Waw ça m'a l'air bien barré c't'alboum! J'vais testé!

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 10h33 - (67793)
"Sheraf ? Tu connais pas Sheraf ? C'est un groupe ils étaient number one."

sims
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 11h02 - (67796)
Effectivement ça ressemble fortement à Mr Bungle mais ne le copie pas entièremet pour autant (ça fait plus violonique -ça existe pas et jmen fous-, plus "français"). Et puis à l'écoute des morçeaux présents sur myspace ça m'a l'air bien bon. Je vais donc peut être me laisser tenter par cette galette.

(note aprés seconde écoute): oui ça me plait énormément!je veux!



cyril_glaume
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 11h42 - (67802)
Aaaaaaah ouf ! Il n'y a donc que ce gros vilain de Pearly qui n'aura pas apprécié l'album alors. On se demande bien pourquoi: cet album respire la joyeuse nimportekwaterie communicative et a un goût certain de reviens-y. Label qualité lapin jaune ! ;)



pearly
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 11h49 - (67803)
teuh teuh, 7,5/10, je n'appelle pas ça "ne pas apprécier" :)

Pour résumer mon idée, j'ai trouvé ça très bien fait, mais finalement sans surprises une fois que nous savons à quel "genre" on a affaire. ce grand bazar a des côtés jouissifs, musicalement, et d'autres qui me fatiguent (les parodies, panzani, Rabbi Jacob & cie, 2 ou 3 traits d'humour "potache" qui me gonflent). En fait, sachant que ce serait barré, influ Mr Bungle / Zappa, avec un côté comique foufou, je m'attendais exactement à ça. Et, comme je l'ai déjà dit, Stanley Kubi a pour moi mis la barre très très haut, sur ce terrain.
Bref, cet album reste, quoiqu'il en soit, parfaitement exécuté, ça joue à mort, c'est vivant, c'est plus que bien.



cyril_glaume
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 13h08 - (67811)
... Ca me fait penser que Me Macario de Stanley Kubi n'aime pas non plus l'album. Il va falloir que j'écoute bien "Music By" pour comprendre d'où vient cette réticence certaine chez les Kubituens ...

Scratch_the_surface
Membre enregistré
Posté le: 10/02/2009 à 21h33 - (67824)
Super jouissif cet album..
Généralement les groupes tombant dans l'éxpérimental y tombe bien profond et se noie dans un océan d'essai mais la c'est super éfficace !!
La deuxième découverte apres Whourkr!!



septic
Membre enregistré
Posté le: 01/04/2009 à 14h50 - (69350)
samerlipopette, j'avais laissé passé cette chronique alors que j'suis complètement fan.

Content de voir que j'suis pas le seul à qui ça plaise apparemment. (j'conseille d'écouter Sebkha-chott dans le même genre aussi si vous l'avez pas encore fait, c'est du tout bon !)



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