Après Will Haven et Backfire, dans la famille des retours qui font plaisir, je demande VISION OF DISORDER. Voilà, c’est fait, après plusieurs concerts, dont une performance mémorable au Hellfest 2010, des annonces officielles, un premier titre, un premier clip on peut enfin s’enfiler toute la galette d’une trait dans les oreilles. Le VOD 2012 est arrivé. Et le cru est grand. Fini les conneries Bloodsimple, Williams et Kennedy ont repris les rênes de VOD. Ca fait plaisir car en dix ans le groupe a pu mûrir, évoluer, repenser sa musique tout en restant fidèle à ses acquis et à son identité. L’entité VISION OF DISORDER a pu tirer le meilleur de ce hiatus long d’une décennie afin de se recentrer sur lui-même, de se refaire une santé et de revenir au moins aussi fort qu’auparavant. « The Cursed Remain Cursed » synthétise en lui seul tout ce qu’a pu produire le groupe jusqu’à aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire. Mais comme chez VOD le pire n'existe pas...

VISION OF DISORDER fait partie de ces groupes qu’on reconnaît en trois notes, en deux accords, en un demi-riff. C’est le cas ici avec les premiers grattements de cordes de « Loveless ». On reconnaît le son, le toucher, la patte VOD. Cette façon de mêler heavy metal et hardcore, cette manière de balancer des riffs faussement complexes et vraiment efficaces. « Loveless » résume à lui seul toute la discographie du groupe. Des rythmiques brise-nuques, des mid-tempos puissants enchaînés à des accélérations hardcore aux réminiscences presque punk, une basse slappée qui claque comme au bon vieux temps et puis le plus produit VOD made in Tim Williams : le refrain qui tue. Qui reste en tête instantanément et que tu te surprends à siffloter des semaines plus tard. Un refrain en voix claire mais avec du poil au menton. Une voix de mec, pas un truc de jeune pré pubère qui fait mouiller les loligoth de cour de récrés. Leonard Cohen plutôt que Jeremy Chatelain. Tim Williams est toujours aussi à l’aise avec son organe, passant d’un registre Metal, aux braillements de gorets hardcore, alternant mélodie et agressivité, il module parfaitement et offre une large palette de voix. Son passage dans Bloodsimple a élargi sa gamme vocale, renforcé son efficacité et sa justesse dans le chant et bonifié l’écriture de ses lignes de chants. Sur ce terrain-là, l’album est inattaquable.

VOD renoue avec l’esprit de ses deux premiers albums sans renier les velléités plus mélodiques de « From Bliss To Devastation » si « Hard Times » respire bon le premier album et « Annihilator » rappelle la vibe plus metal d’« Imprint », « Skullz Out » avec son mid tempo, ses ambiances poisseuse et ses parties de guitare dingos trahissent quelques relents néo-metal période « From Bliss… ». On retrouve tout ça sur « The Cursed… » mais surtout ce qui fait la force de ce nouveau disque ce sont les tubes qui le parsèment. Plusieurs titres d’une très grande qualité qui fonctionne comme autant de jalons qui guident l’écoute de l’album. Certains titres sont là pour la route, ils sont bons, il n’y a pas de mauvais morceaux sur ce disque, ils font le lien entre les divers morceaux de bravoure made in V.O.D. D’abord on a « Loveless » en ouverture pour prendre un bon départ. Puis un « Blood Red Sun » magistral qui démarre sur un riff hardcore dérangé, multiplie les rythmiques, les breaks et permet à Tim Williams de faire montre de toutes ses capacités vocales. Puis ce refrain d’une telle puissance que les mots viennent à me manquer. Je me mouille: pour moi, c’est le meilleur titre jamais écrit par le groupe. Un titre qui frise la perfection dans sa composition, sa construction et son interprétation. Difficile d’enchaîner après ça mais le milieu de l’album, habituel ventre mou après un démarrage en trombe, couve aussi son très bon morceau « The Enemy » qui s’ouvre sur une batterie martiale avant d’évoluer dans un registre rappelant parfois la new wave pour son côté chant désabusé et dépressif. Avec la encore des riffs foufous et des lignes de chant insidieuses. Une fois de plus, c’est imparable. Si en plus le tout est parfaitement produit, on ne peut vraiment pas lutter.

Malheureusement, il faut avoir l’honnêteté de constater un petit coup de mou en fin de parcours malgré un « Be Up on It » pas dégueulasse lui non plus mais qui n’empêche pas « The Cursed Remain Cursed » de laisser une impression de roue libre sur la fin. Un peu comme quand on honore sa bien aimée, ou qu’on besogne une fille facile pour les plus dépravés, sans parvenir à terminer son affaire alors qu’on a enchaîné les positions acrobatiques pendant quinze minutes sans parvenir à balancer son combo final. Du coup lassé par tout ça, on termine mollement en missionnaire à papa pour finir le boulot. Mais vu la qualité de ce qui a précédé cette fin légèrement paresseuse, on ne va pas leur en tenir rigueur et on fera l’effort de simuler jusqu’au bout. Après tout, les mecs sont presque quadragénaires aujourd’hui.




Rédigé par : Seb On Fire | 16.5/20 | Nb de lectures : 14592