Il paraît que dieu a créé l'homme à son image... admettons... si on en juge par la pochette tape-à-l'œil de cet album de VISCERA INFEST, on se dit que le bougre s'est mis le doigt dans l'œil à maintes reprises pour pondre un tel brouillon! Les ardents défenseurs du bon goût et de la bienséance lanceront leurs pamphlets, fatwas et autres grigris porteurs du mauvais œil sur ce groupe qui – je vous le donne Emile – garde bon pied bon œil pour briller de mille feux au sommet de la pyramide de l'Ultra Brutal Goresplattered Grinding Death... Une splendeur, ça crève les yeux... J'arrête là mes vannes occultistes, vous risqueriez de tourner de l'œil!

VISCERA INFEST vient du pays du Soleil Levant avec un album d'une brutalité incroyable, aussi bestial que morbide, aussi exquis qu'écoeurant. Un Brutal Death monumental louchant vers un Goregrind particulièrement vicieux et poisseux. Ils affirment jouer du "Forensick Highspeed Bulldozer", étiquette bien intrigante mais qui colle parfaitement à la musique contenue sur ce chef-d'œuvre.

"Forensick"? Jetons un œil (promis, j'arrête!) sur le calepin du CD, on comprend tout de suite que le Gore médico-cradingue est le passe-temps favori de VISCERA INFEST. Le poids des morts, le choc des autos, en somme. La musique dégobillée ici est époustouflante, on tripatouille, papouille, mâchouille, barbote et clapote dans un étang de nectar de macchabées périmés depuis belle lurette. Magique et admirable gerboulade! Si les premiers opus des Mexicains de DISGORGE vous donnent des fourmis dans le scalpel, VISCERA INFEST vous dégourdira le hachoir. Humez-moi cette savoureuse fragrance de Trioxine 245! La ressemblance entre les deux groupes est flagrante. L'atmosphère méphitique est là, prenante et zombifiante.

Highspeed? Oh que oui! Ca blaste, et pas qu'un peu! BRODEQUIN ou DISGORGE (tiens encore eux!) ne désavoueraient pas ces rafales de blast beats apocalyptiques qui viendront décaper, dépecer, dépuceler vos délicates et duveteuses n'oreilles. Un régal, d'autant plus que la caisse claire ne claque que de cruels écrasements de crânes craquant crûment (notez l'allitération, ça compte pour le bac).

Bulldozer? Of corpse! Grâce à son talent, VISCERA INFEST maîtrise sa fureur en ponctuant ses accès de matraquage de plans plus plats (Deuxième allitération, quel talent!). Le tempo ralentit et s'embourbe dans une mélasse adipeuse et visqueuse. Du mid tempo pachydermique où l'on sent glisser la tronçonneuse de MORTICIAN léchée par les flammes de INCANTATION. C'est dans ces moments de lenteur lugubre que l'on est véritablement plongé dans l'univers de VISCERA INFEST. Si le Gore de HAEMORRHAGE est rigolo, celui de ces Japonais est oppressant. En glaire, "Sarcoidosis" est au Goregrind ce que "Cannibal Holocaust" est à "The Stuff" (glorieux nanard de série triple Z narrant l'attaque d'un yahourt extraterrestre qui zombifie ceux qui le mangent.)

Je suis baba devant cet album. Tout y est parfait: vocaux d'outre-tombe bien bouffies de haine (un peu à la Antimo), riffs dantesques, atmosphère émétique et production collante et acide.
Rien à redire ou à reprocher à ce bain de vitriol qu'est "Sarcoidosis".


Rédigé par : Cobra Commander | 17/20 | Nb de lectures : 12025