On avait déjà remarqué la chanteuse belge Magali Luyten lors de ses apparitions sur les albums de Beautiful Sin ("The Unexpected") et de Ayreon ("01011001"). Elle nous revient en tant que frontwoman de Virus IV, un groupe fondé en 2006 par le guitariste Samuel Arkan (qui a déjà collaboré avec Primal Fear, Annihilator ou encore James LaBrie). Dark Sun, premier album de cette formation, est un disque de power metal progressif rafraîchissant, qui n’est pas sans rappeler parfois le heavy metal américain tel qu’il peut être pratiqué par des groupes comme Annihilator ou Vicious Rumors.

Magali Luyten est impressionnante d’un bout à l’autre de cet opus, sa voix étant exploitée de fort belle manière sur des compositions plutôt musclées. Son chant rauque et énergique (mais toujours mélodique et rempli de feeling) provoque son petit effet. On pense en l’écoutant à des vocalistes comme Doro Pesch ou Veronica Freeman (Benedictum). Cela fait du bien d’entendre une telle voix, si loin des clichés et du formatage des chanteuses de métal atmosphérique. Sur la biographie fournie par sa maison de disques, Virus IV est présenté comme « une autre façon de voir le métal au féminin », et cela n’est pas loin d’être vrai car cet album sonne étonnamment frais et moderne. La prestation époustouflante de Magali ne doit cependant pas éclipser la qualité des autres musiciens, et en particulier la section rythmique, menée avec talent par le batteur François Brisk (du groupe lyonnais Dyslesia). Quant au travail de Samuel Arkan, il s’agit là encore d’une réussite, tant au niveau des compositions que de son boulot sur les guitares, même si l’on regrettera un petit manque de technicité sur certains soli. Notons que pour le live, le groupe a depuis engagé le bassiste Christophe Babin, connu pour son travail avec Headline.

Des titres comme « Behind Me » (très orienté métal progressif), « New Karma » (au refrain couillu, teinté d’une touche 80’s vraiment pas désagréable), « The Last Time » ou « Soulrace » (doté d’un tempo plus enlevé, et qui finit l’album en apothéose) sont de petites pépites de heavy qu’il sera difficile d’effacer de votre mémoire. Plus étonnante est la reprise de Talk Talk, « Such A Shame », ma foi fort appréciable, et une nouvelle fois éclairée par la prestation vocale de Magali. Malgré tout, quelques morceaux moins forts (« Signs », « Silent Arrows »), font perdre un peu d’intensité à Dark Sun. Puisque l’on est dans les reproches, impossible de ne pas relever cette production assez pauvre (le groupe s’est autoproduit en Belgique). On n’ose imaginer l’intensité qu’atteindrait la formation si sa musique (déjà fort puissante) bénéficiait d’une production digne de ce nom. Dernier point qui fâche, et pas des moindres, la durée de cet album (35 minutes), largement insuffisante pour un premier disque qui prend dès lors des allures d’EP, même si la galette gagne en concision et en efficacité.

Virus IV nous offre au bout du compte un très bon premier album, qui (heureusement) laisse entrevoir des améliorations souhaitables pour la suite. On retiendra avant tout la superbe performance vocale de Magali Luyten, dont le nom commence à pas mal circuler dans le milieu du heavy, et qui, en continuant sur sa lancée, devrait s’assurer une place de choix parmi les meilleures chanteuses du genre. Voici donc un premier essai réussi, qui devra être transformé par un second album.


Rédigé par : up the irons | 14.5/20 | Nb de lectures : 10250