Displeased Records est un label hollandais qui inonde le Prince et moi-même de rééditions de groupes de black ambient depuis le début de l’année. Souvenez-vous de Striborg, 3 albums d’un coup. Là, Displeased nous refait le coup avec un groupe un peu moins exotique, mais tout autant effrayant de prime abord : Vinterriket. Venant de Teutonie, Vinterriket peut se targuer d’être en lice pour le groupe le plus prolifique du milieu black/ambient. En plus, toutes ses œuvres sont limitées, et sont donc logiquement rééditées au fil du temps. Petite astuce donc pour ceux qui auront loupé la sortie originale, attendez un peu, une réédition sera prévue à coup sûr. Concernant ce "Der Letzte Winter", il aura fallu attendre seulement 3 ans avant de voir cette réédition. Vinterriket a donc été créé en 1996, a un nom qui veut dire le Royaume hivernal en suédois/norvégien et est le projet solo de Christoph Ziegler (qui officie notamment dans Nocternity, le groupe grec). Le bonhomme est donc ultra productif et sort donc 1 album par an, plus quatre ou cinq démos, EP ou compilations en tout genre. En bon amateur de black ambient (haha), j’avais quand même une appréhension à écouter cet album (le quatrième du gus), d’autant plus que la joie du Prince en me le refilant n’inspirait pas vraiment confiance.

Et bien en fait, j’ai trouvé cet album tout à fait écoutable. Voire même plutôt pas désagréable. Les poncifs du genre sont bien là, à savoir les plages d'ambiances au clavier qui ferait s’endormir n’importe quel insomniaque, les samples d’une mer ou d’un lac (dans le cas de Vinterriket, il y a fort à parier qu’il s’agit de lac de Constance ou du Bodensee), les samples du vent dans la montagne au milieu des sapins. Bref, Vinterriket ne s’affranchit pas du côté chiant du black ambient. Mais ce côté prend tout son sens lorsqu’il est couplé à la face black metal de la musique du groupe. Plutôt très mélancolique et malheureux, le black metal de Vinterriket est principalement mid-tempo, lent, avec un son de guitare plus proche du grésillement qu’autre chose. Le chant est lointain, couvert, mais la voix de gargouille enrhumée est audible et colle parfaitement à l’ambiance forêt-au-bord-du-lac-dans-la-montagne. Peut-être même que les paroles parlent du désespoir du musicien qui se dit qu’il aurait du prendre un tricot au lieu de jouer le méchant trve en t-shirt. Certaines parties accélèrent, ce qui permet d’éviter l’ennui. Et je pense que c’est la grande force du groupe sur cet album, on s’ennuie au final pas tant que cela, ce qui est énorme compte tenu du genre auquel on a affaire.

Sur cet album la quéquette de l’hiver propose une musique à l’image du livret : froide, sombre, sans espoir ni possibilité de s’en sortir. Parfait pour les soirées chaudes d’été, pour tous ceux qui n’ont pas la chance d’habiter dans une grotte ou une cave humide. Ou alors, la bière bien fraîche peu suffire.


Rédigé par : Kryde | Réédition hivernale/ | Nb de lectures : 10708