2009. Année faste d’un point de vue Metal Extrême. La vague Death Core déferle sur le monde, irradie les populations metalliques et se propage aux 4 coins des lobes et des tympans les plus reculés. Le Death Core est à son apogée, tout au moins en terme de popularité et de propagation labellistique.
Devant une telle manne économique, comment résister, comment ne pas vouloir prendre sa part du gâteau ? C’est ce qu’a dû se dire S.O.A.R., au moment d’étudier les objectifs du second semestre 2009. Car je ne vois pas d’autres explications possibles à la signature de ce groupe anglais, qui sort là son premier album. Un groupe de plus. Un album de plus. Mais qui n’apporte pas grand-chose.

Alors, oui, d’accord, débuter une chronique par cet état de fait ne doit pas donner envie à grand monde d’écouter cet éponyme. Donc je vais essayer d’être objectif et réaliste.
Viatrophy, formé en 2005, pratique un Metal Extrême relativement agressif, ponctué de régulières accélérations blastées (1 ou 2 par morceaux, pas plus, pas moins), saupoudrés de dizaines de Breaks lourd(ingues), et majoritairement Mid-Tempo. Des riffs tantôt basiques et 100 fois entendus, tantôt mélodiques, tantôt acérés, influencés tant par le Death que par le Hard Core. Et des hurlements alternant entre growls profonds et hurlements criards. Oui, du Death Core, c’est ça, je cherchais le terme adéquat.

Sauf que les insulaires délaissent la brutalité formatée et soporifique, pour des passages et des riffs mélodiques et presqu’émotionnels. Quelques intros/interludes acoustiques ou ponctués de claviers sont donc présents, ainsi que des riffs bien plus mélodiques, portant des passages ambiants ou Post-Metal. Agencés par des fins de morceaux qui s’étirent, les tempos se font plus lents et les riffs plus recherchés, propices même à l’émergence de quelques soli ou leads bien sentis. Cet effort de démarcation est louable, d’autant plus que ces résurgences mélodiques sont plaisantes et s’accordent plutôt bien avec les hurlements d’Adam Mayes.

Problèmes : d’une part, ces parties mélancoliques sont la plupart du temps amenées de façon aussi subtile qu’un éléphant boiteux qui voudrait faire de la corde à sauter dans un magasin de porcelaine. Posées comme un cheveu dans la soupe, sans transition avec le reste du morceau, c’est assez étrange, voire maladroit. Exceptions faites de ‘Sufferance’ et ‘Futile Prayers’, seuls titres mélangeant efficacement la brutalité du Death Core aux mélodies sombres. Si les 10 titres avaient été de cet acabit, l’album aurait été vraiment terrible. Dommage, on est loin du compte.
Ensuite, malheureusement, les passages plus ‘classiques’, c'est-à-dire les Mosh parts, accélérations blastés, growls et breaks, sont clairement peu inspirés et franchement banals. Ce qui, de fait, a pour conséquence d’annihiler les efforts et espoirs entretenus par les parties mélodiques. Enfin, le beugleur alterne Growls et cris aigus dans une pseudo-symbiose bien trop prévisible. Une phrase growlé, une phrase hurlée, et ainsi de suite. Il est dommage que le bonhomme ne varie pas un peu ses beuglements, qui s’avèrent aussi clichés que soporifiques.

3 gros défauts, pour une vraie qualité. C’est bien faible pour réussir à pondre un album mémorable. Oh bien sûr, ces défauts restent acceptable, et l’indulgence du premier album aidant, Viatrophy n’est pas non plus la catastrophe annoncée. Mais il ne constitue en rien un album extraordinaire. Pour l’instant, en tout cas. Car nul doute que si les 5 Anglais persévèrent dans leur voie, et s’astreignent à construire de vrais morceaux efficaces, en alternant Death Core et ambiances Post Metal, ils pourront certainement sortir du lot et prétendre à un tout autre statut.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 09/20 | Nb de lectures : 10713