Contrairement à "Firestorm Arcanum" en 2003, le nouvel album de Vesania "God the Lux" bénéficie d'une exposition médiatique dans notre contrée. Il faut dire que dans l'intervalle entre ses deux enregistrements, le guitariste/hurleur Orion a rejoint Behemoth et le batteur Daray a remplacé Doc dans Vader. Le guitariste de Vader/Dies Irae Mauser vient d'ailleurs enregistrer des parties de guitare sur ce nouvel opus des polonais. Malgré ses nouveaux arguments promotionnels, Vesania n'usurpe en rien sa place dans les encarts publicitaires des magazines.

Le combo officie toujours dans un black symphonique mâtiné des riffs death/black comme les polacks savent si bien en concocter depuis quelques années. Pour la partie sympho, Emperor me parait être la référence la plus appropriée. Les morceaux sont confits d'hommages à peine déguisés aux maîtres norvégiens, que ce soit sous la forme de quelques riffs biscornus, d'une harmonique ou bien de sonorités orchestrales du synthé. Vesania s'est tellement approprié certains passages qu'on croirait parfois entendre du "IX Equilibrium". Côté riffs death/black, Vesania ne déroge pas à la recette nationale et reste proche de Behemoth ou de ses compatriotes de Crionics. Contrairement à ces derniers, Vesania ne propose toutefois pas du super rapide, préférant des riffs plombés avec conviction à la quête de vélocité. Au final, les compos se trouvent constamment tiraillées entre la facette efficacité et la facette atmosphère de la musique du groupe.

Ce grand écart empêche Vesania de pleinement mettre en places des titres symphoniques, avec un crescendo de l'ambiance digne de ce nom. Les compos, si elles sont constellées de riffs excellents au demeurant, sont trop réductibles à des passages collés les uns aux autres et sans grand rapport entre eux. Le groupe maîtrise pourtant une belle palette de riffs, évoluant du mid-tempo à gros riffs death au rapide black métoool avec une efficacité parfois redoutable. Mais cette sensation constante de breaks enchaînés fait que l'opus ne me subjugue pas de manière mémorable. Tout comme pour "Firefrost Arcanum", le manque d'évolution des morceaux me procure la sensation que cet album est un peu décousu et qu'il erre sans objectifs réels.

Attention, mon avis hautement critique ne doit pas effacer les qualités de "God the Lux". C'est tout de même du bon qui saura satisfaire son monde. Des moments de bonheur jalonnent cet opus (rien que la partie centrale de "Synchroscheme" vaut le détour). L'exécution est impeccable, sublimé par le travail d'enregistrement d'Arek Malczewski (Behemoth entre autres) et le mixage de Wojtek Wieslawscy (Crionics entre autres). De la tuyauterie en or, certifiée 100% plombier polonais aimant le gros son. Loin de l'efficacité des groupes sus-cités ou des regrettés Sirius, loin de la construction alambiquée du modèle Emperor, Vesania livre un album qui est bon mais ne renverse pas. Je ne peux que vous conseiller de jeter une esgourde attentive. Mais de là à le conseiller tout court, j'hésite un peu...


Rédigé par : Prince de Lu | 13,5/20 | Nb de lectures : 13624