«Pendant ce temps-là, à VERA CRUZ… » Voilà ça c’est fait, d’entrée de jeu, maintenant on va pouvoir tranquillement se pencher sur le groupe parisien et essayer de passer outre de leur étiquette « Monstercore », du nom d’une boisson sucrée énergisante sponsorisant une certaine scène hardcore, qui leur colle aux basques afin de voir de quel bois se chauffent les Parigots. A première vue, pas de chêne massif centenaire. Mais pas de bois de cagettes non plus, plutôt quelque chose entre les deux. Qui résiste aux chocs. Mais pas trop violents les chocs quand même. On va prévenir tout de suite que les tough guys fans de karaté passent leur chemin, la musique de VERA CRUZ n’est pas faite pour eux. Que les trve de chez trve, ceux qui écoutaient déjà du hardcore quand le hardcore n’existait pas et qui ont un tatouage « family, friends, forever » sur le bras passent leur chemin, la musique de VERA CRUZ n’est pas faite pour eux non plus.

Les Parisiens font plutôt une musique à mi-chemin entre le hardcore mélodique et le hardcore moderne tendance Brdige Nine Records. Avec un peu de metalcore par-dessus. Une musique très « américaine » et très actuelle donc. Et les gars la font tellement bien qu’à aucun moment on ne descelle la touche franchouille qu’on retrouve inexorablement dans ce genre de production. Que ce soit dans la musique ou dans la voix, pas de trace d'accent. Rien, nada, queud’. Par contre on ne trouve pas de trace de vraie originalité non plus. Ni de feeling. Tout semble un peu trop propre, trop calibré, trop actuel. Les compositions sont bonnes, les morceaux sont plutôt bons sur le moment, variés, bien construits et bien exécutés même si trop longs globalement. Chaque morceau aurait gagné à être amputé d’une petite minute afin de les rendre plus efficaces. Je prends pour preuve, le titre d’ouverture « Hopeless Knights » qui du haut de sa minute trente-trois secondes va droit au but en s’avère vraiment direct, simple catchy et en un mot comme en cent : efficace. Là où d’autres plus longs perdent un peu d’intérêt sur la fin comme le metalcore « Last of a Dying Breed » pourtant réussi mais trop répétitif passé la deuxième minute.

La musique de VERA CRUZ est parfaitement exécutée, composée, pensée, peut-être un peu trop. On a toujours cette drôle d’impression de musique de premiers de la classe pour premiers de la classe. Mais là où que se situe la paradoxe de ce groupe c’est que malgré toutes ces sensations d’impersonnalité et ces impressions de musique trop calculée pour être honnête eh bien ça fonctionne quand même. Certains morceaux sont vraiment efficaces et restent en tête, on se prend même à les siffloter en bougeant la tête comme le très bon « The Family » et son refrain tout en douceur, en voix claires. VERA CRUZ sait aussi, par moments, durcir le ton et taper dans le hardcore à la Deathwish ou le metalcore burné. Encore une fois toutes des références très actuelles mais qui fonctionnent quand même par moments. Voilà ce qui résume finalement assez bien ce « Skin Tooth and Nails » : un album intermittent alternant très bons moments et passages téléphonés et sans réel intérêt. L’un comme l’autre étant envoyés avec autant d’application et portés par une bonne production, efficace et calibrée pour ratisser large. Un album sympathique, qui possède quelque belles fulgurances mais sans plus. On espère que le groupe prendra plus de risques et trouvera sa voie pour la suite car pour le moment on a l’impression de suivre une autoroute : y a plein de monde, ça file droit et on sait à l’avance où on va arriver.




Rédigé par : Seb On Fire | 12.5/20 | Nb de lectures : 17397