Haute Normandie et Basse Normandie, pas le même combat; si l'on entend vanter les mérites des tripes à la mode de Caen et pas de celles de Rouen, c'est qu'il y a une raison. Culinairement comme musicalement d'ailleurs, puisque si la préfecture du Calvados peut être considérée comme la capitale française du screamo (au sens noble du terme, pour les mécréants), reconnue à l'internationale grâce à AMANDA WOODWARD (et dans une moindre mesure AUSSITÔT MORT et toute la clique locale), son homologue de Seine Maritime n'étincelle pas vraiment dans ce registre, preuve en sera avec VENOSA.

Autant leur split avec les suprapoutrants NESSERIA, bien que non exempt de tout défaut, laissait entrevoir un groupe qui savait plutôt bien réussir son créneau sans trop emboutir ENVY devant et ORCHID derrière, autant ce premier album donne l'impression qu'ils viennent à peine de réussir leur code. Un rétrogradage à n'y rien comprendre, il y aurait à redire presque partout. Procédons méthodiquement: la voix d'abord, trop surjouée (oui, c'est du screamo mais faut pas déconner non plus), et beaucoup plus irritante que réellement irritée, tape rapidement sur le système (merci l'effet megaphone façon nu-metal circa 2000). Les grattes, en plus d'être ridiculisées dans le mix par une batterie inutilement mastoc, déversent des vagues de riffs sucés jusqu'à la moelle, sans aucun mordant, et parfois vraiment foireux, tels ces plans-hâchoirs typiques du screamo ORCHIDien qui tournent totalement à vide.

Mais le véritable drame, c'est que VENOSA se rétame là où il voudrait faire la différence; dans ses tentatives de sortir des carcans du screamo. C'est louable, mais ça merde inexorablement, en particulier quand ça va taper dans le rock'n roll. Preuve en sera un titre comme "Never Say Goodbye" et son immonde riff hard rock discret et élégant comme une couille dans le pâté, et qui se termine par une gâterie impériale du "Lies, And Release From Silence" d'Envy. Une impression de gros manque d'inspiration, que confirmeront les quelques incursions post-isantes, aussi basiques que clichesques. Décalés mais dans un sens positif ce coup-ci, l'artwork assez frais et les lyrics pas si mauvais qu'ils en ont l'air, même si la police d'écriture à la Korn est totalement hors de propos.

Beaucoup de maladresses et d'approximations qui font de ce "Dancing Together Under A Rain of Ashes" un album bien trop anecdotique et décousu pour être chaudement recommandé. VENOSA semble tatonner dans le noir et se bouffe les coins de meubles dans les tibias en cherchant l'interrupteur. En espérant que les hématomes leur servent de leçons, qu'ils puissent à l'avenir proposer un disque qui respecte le minimum syndical du screamo: émotion et intensité, on passera sans aucun regret notre tour ce coup-ci.


Rédigé par : Crown_Me | 07/20 | Nb de lectures : 10946