Le BM à tendance médiéval, en France, a ses héros. Aorlhac, Sühnopfer, Ende… en sont les figures de proue incontestables même si d’autres peuvent prétendre rejoindre le cercle. Véhémence nous présente, avec Assiégé, son premier album qui s’inscrit dans cette veine, l’illustration de couverture (sympa) donnant le ton. Alors qu’en penser ? Va-t-il rejoindre le cercle où va-t-il s’en trouver exclu ? On pariera plutôt sur la première assertion tant la musique proposée est riche de potentialités. On demeurera plus nuancé sur d’autres aspects.

La musique de Véhémence s’inscrit en effet dans la mouvance BM médiéval, un style que j’apprécie tout particulièrement tant il sied parfaitement à ce style. Le premier titre, "De célestes cavalcades", est tout bonnement excellent, porté par des riffs chaotiques ultra mélodiques, proches des groupes précités notamment, emplis de nostalgie et de violence, mêlées dans un bel équilibre. L’emphase est de mise comme souvent dans le style, les riffs sont percutants, la structure bien foutue. Les relances sont nombreuses, le choix d’axer la progression sur un rythme élevé étant également pertinent en regard du concept.

L’entrée en matière est pleinement réussie même si l’on note également que la voix tranche considérablement avec la musique. Assez éloignée des canons du BM, elle est grave, très grave, un poil éraillée et l’on peut s’interroger sur sa pertinence associée à ce style de BM. Pour ma part, passé la surprise de départ, je m’y suis fait sans difficulté même si je continue de penser qu’elle ne colle pas forcément très bien avec la musique. D’autant que l’emploi du français peut également, avec ce type de voix un brin parlée, dérouter.

"Assiégé", le second titre et premier gros morceau de l’album, présente des atours identiques, très séduisants. Les riffs virevoltent dans une sorte de chaos maîtrisé très mélodique, les phrasés mid-tempo s’enchaînent avec plaisir, avec beaucoup de naturel aussi, laissant planer sur le titre comme une atmosphère ancienne bien pensée. Le rythme élevé contraste parfaitement avec les riffs mélodiques ; l’emphase se mêle à l’épique et à la violence avec bonheur, d’autant que le son est très correct et qu’il restitue sans difficulté les subtilités de la musique (sur "En quête du Graâl" par exemple, typiquement).

Le groupe n’abuse pas d’instruments médiévaux, ce que l’on pourra regretter. Toutefois, les riffs sont suffisamment porteurs et immersifs pour que l’on s’en dispense sans regret (par exemple, sur "Le Sang respire encore", après un bref départ au flûtiau). Le souffle nostalgique qui plane sur les compos – comme chez Ende – permet de suppléer en quelque sorte cette absence ("Le Sang respire encore" ; "Assiégé" ; "En quête du Graâl" et son grand pont à la guitare sèche, magnifique ; "Par Sombres forêts et vastes Plaines").

Il est à noter qu’à la différence de nombre de groupe, Véhémence finit son album par ses morceaux les plus épiques et finalement par des pièces maîtresses comme "En quête du Graâl" et "Chant d’Honneur", bourrées ras la gueule de riffs supra épiques et d’appels à la bataille, d’ambiances nostalgiques et de phrasés mélancoliques. Le tempo élevé est encore un choix gagnant, qui renforce par contraste les ambiances plus qu’il ne les annihile.

J’ai aimé cet album. Pour un premier essai, c’est une véritable réussite même si certaines choses pourraient déplaire (la voix notamment). Si tu aimes le BM français à tendance médiévale, tu vas te régaler. Crois-moi sur parole. Et tu me fais confiance, non ?




Rédigé par : Raziel | 16/20 | Nb de lectures : 7282