Depuis que j’ai reçu ce cd, je ne dors plus. Mes nuits sont hantées par l’ignoble « patte de poulet à un œil » qui orne la pochette de ce nouveau Varathron ; en affiche 4 par 3 dans le salon l’effet est garanti. Au moins le premier contact avec le disque ne laisse pas indifférent. Pour ce qui est du contact purement auditif il ne va pas laisser indifférent non plus.
En effet, ce groupe grec qualifiable de culte est né il y a 18 ans et a participé à l’essor de la scène grecque aux côtés de Rotting et Necromantia. Seulement il n’avait plus donné signe de vie depuis 1998 et depuis tout ce temps il s’en est passé des choses. Aujourd’hui le groupe revient avec un line up remanié autour de son leader Stefan Necroabyssious et risque de se prendre une volée de bois vert en provenance d’une partie des fans de la première heure qui attendaient leur dose de true sensations et qui ne se reconnaîtront pas dans cet opus trop mélodique pour leurs diaboliques oreilles.
Il en est souvent question de mélodie sur ce disque, que ce soit sur des passages acoustiques qui se suffisent à eux mêmes « evil gets an upgrade » ou qui s’intègrent dans la musique « there is no god » ; « The Grim palace »... On retrouve également pas mal de mélodies dans les guitares qui offrent des sonorités que seuls les groupes grecs arrivent à nous pondre. Une grosse dose se cache également dans les synthés, qui ont d’ailleurs un son « bontempi » insupportable et qui se taillent la part du lion sur les plages atmo. Bref, pour la trop grande place laissée à la mélodie trash death suédoise et aux épanchements atmosphériques trop légers Varathron prend le risque de décevoir. Pour celui qui en fait abstraction et qui occulte le passé culte de ce groupe occulte, il y a de quoi passer un bon moment sans pour autant monter aux rideaux.
Les morceaux sont dans l’ensemble assez longs et permettent au groupes d’alterner blasts et passages atmosphériques. Si l’agressivité est à son maximum sur les rares blast précités l’essentiel du disque est mid tempo et d’avantage axé sur la recherche d’ambiance que sur la débauche de violence. A ce titre le piano remplit son rôle à merveille sur l’oriental « creation of satan » en accompagnement de la voix d’outre tombe ou seul sur le très mystique « Emersing from the immortals ». D’ailleurs lorsque les ambiances se font trop légères : utilisation d’une flûte sur « the sign of eternal curse », la voix ultra gutturale de Stefan Necroabyssious est sensée recentrer le débat. Le problème est qu’il part parfois dans des élans narratifs aux tonalités plaintives à la limite du supportable, dommage. Certains morceaux auraient voulu et auraient pu être de grandes pièces épiques mais les synthés aux sons abominables ruinent les efforts des musiciens, re-dommage quand on voit qu’une seule guitare acoustique suffit «A vision of a nameless soul ». Les parties death/thrash empruntent parfois des riffs à Dissection « the king of asine » mais ne durent jamais bien longtemps et sont rattrapées par ces foutus synthés et cette voix claire bien vilaine.
Il y a donc du bon sur ce disque mais deux gros point négatifs : le chant clair (parfois le chant death également) et les synthés qui ruinent les effets du reste de la musique. Après tout ce temps resté silencieux Varathron aurait pu rester muet une année de plus et prendre son temps pour enleverr les défauts de ce Crowsreign et accentuer les bons côtés. Au bout du compte on a juste un album de death atmo qui ne fait pas bien peur contrairement à sa pochette.


Rédigé par : Dark Tranquilou | 12/20 | Nb de lectures : 10619