(Ce n’est rien qu’une photo. Une simple photo. Celle qui illustre le livret de l’album. C’est une vue qui embrasse l’ensemble de la salle. Et là le choc ! Pas un jeune ! Je cherche, je fouille, je creuse. Tiens celui-là, il aurait pas les cheveux bruns ? Effet de lumière ou défaillance de ma vue ? Il faut que je me rende à l’évidence, s’il y a des jeunes, ils se cachent bien. C’est une foule de tempes grises et de crânes dégarnis qui emplit le Royal Festival Hall. Bon sang, ça fout le bourdon ! )

Distribué par Musea, ce double live d’une des légendes du « old prog » est en fait sorti sur le label personnel de Peter Hammil (Fie!). Enregistré le 6 mai 2005 au Royal Festival Hall de Londres, il est le témoignage de la tournée entamée après la sortie de l’inattendu Present, album de la non moins surprenante reformation du groupe.

Première remarque, ne vous attendez pas à un show à la Floyd ou à un produit fini à la Dream Theater; VDGG est un groupe d’artisans amoureux de l’authentique et du réel. Les quelques dissonances, blancs ou cacophonies constatées ici ou là, involontaires ou non font partie intégrante de l’esprit maison. Pour faire court, le groupe se laisse aller parfois à un emballement et une fougue qui confinent souvent à la surchauffe. C’est aussi ce qui fait son charme. Pour le reste, VDGG s’applique à recréer l’ambiance originelle.

Au chapitre des bonheurs pour les inconditionnels, la présence du line-up au complet et la tracking list qui couvre la quasi totalité de la carrière des Anglais excepté The Aerosol Grey Machine et The Quiet Zone/The Pleasure Dome. Disons de The Least We Can Do... à Present, plus un titre du répertoire solo d’Hammil (Black Room). Real Time est donc le seul live officiel du groupe ! Après 39 ans de carrière, il était temps. Et ne me parlez pas de Vital paru en 1978 qui fait plus office de live de raccrocs. Le groupe s’appelait désormais Van Der Graaf, Banton n’était pas là, trois nouveaux avaient fait leur apparition et les titres choisis - dont 4 inédits et un medley - ne reflétaient pas le répertoire classique et historique du groupe. C’est un live Anecdotique ou à réserver aux collectionneurs.

Rien à voir donc avec ce rassemblement de gloires anciennes au sommet de leur forme et faisant preuve d’un esprit de corps remarquable eu égard au style proposé et à l’âge respectable des protagonistes. Le plaisir est grand de les entendre dérouler avec une passion intacte des morceaux d’anthologie que sont les monstrueux Killer, Man-Erg, Darkness ou Lemmings. Saxos torturés, claviers grinçants dont un mellotron angoissant, solos de guitares rares et hallucinés, montées oppressantes, tout l’esprit VDGG renaît au cours de ces plus de 2 heures de concert : audace, innovation, expérimentation, créativité et disons-le folie tout court !

Si vous aimez le groupe, vous vous êtes déjà jetés sans réserve sur Real Time. Si vous ne connaissez pas, voici un live/best of qui peut largement servir d’entrée en matière exhaustive dans l’œuvre singulière de cette formation atypique des années 70.

Disque : 1 (1h10)
1. Undercover Man
2. Scorched Earth
3. Refugees
4. Every Bloody Emperor
5. Lemmings
6. (In The) Black Room
7. Nutter Alert
8. Darkness

Disque : 2 (58’)
1. Masks
2. Childlike Faith in Childhood's End
3. Sleepwalkers
4. Man-Erg
5. Killer
6. Wondering


Rédigé par : Karadok | Live historique./ | Nb de lectures : 9973