VDGG est un mythe, une légende, un groupe culte. Et en tant que tel, on ne l’écoute qu’entre initiés, en cercles restreints, entre gens avertis ou admis au club des bizarres ou des dérangés du bocal. Après 27 ans d’absence, apprendre que le groupe se reforme, non pas pour un jam ou un concert de bienfaisance, mais pour un vrai album studio est une surprise et une joie qui ne peuvent être comprises que si l’on a suivi de près la carrière de cette formation en marge du mouvement progressif. Membre du quintet qui a repensé le rock voici près de 40 ans (PINK FLOYD- KING CRIMSON – GENESIS – YES), VDGG s’est distingué de ses coreligionnaires en disparaissant très vite avant la vague punk et la mort du prog, en évitant de sombrer dans le facile et la mode, en ne jouant pas le coup du « je reviens/je repars » tous les 6 mois et en gardant l’image d’un groupe honnête, uni et avant-gardiste, sans cesse en quête d’horizons nouveaux. La musique exigeante de VDGG, véritable marque de fabrique, offrait des abords et des développements surprenants, inattendus voire labyrinthiques, de quoi se perdre mille fois en route et décontenancer l’auditeur lambda. Si bien qu’aujourd’hui, il y a les accrocs, les fondus de toujours et ceux qui n’ont jamais rien compris à la démarche des anglais. (pensez-donc, ils n’avaient pas de guitariste !) Certes, ils le citent souvent comme groupe majeur mais ils ne l’écoutent jamais. Tant pis pour eux ! Voici donc nos quinquas au complet, avec le linup historique, celui du succès et de la reconnaissance; Hammill, Evans, Jackson, Banton. Present – quel nom approprié !- est donc le nouveau cadeau de VDGG, le neuvième et il est double. Un premier cd -trop court- de 6 compositions nouvelles pour 38’ qui renouent avec sa splendeur d’antan. Témoin, le Every Bloody Emperor d’ouverture. En à peine 7’, Hammill et sa bande retrouve immédiatement le son, l’esprit et l’ambiance VDGG, une magie indéfinissable et incompréhensible pour le commun des mortels. (Sans pédanterie ni arrogance aucune). Compositions aux harmonies complexes, inquiétantes, ambiguës, méandres sinueux de mélodies sur le fil du rasoir que brode le timbre toujours sensible et parfois en rupture de la voix d’Hammill, le sax inspiré de Jackson, la batterie au jeu frontal mais subtil d’Evans, les claviers oppressants de Banton. Une musique accessible cependant à certains lecteurs de V.S habitués à ce type d’environnement sonore border line. Selon les dire d’Hammill lui-même, la meilleure façon d’appréhender l’écoute de Present consiste en séquences de 15 mn. Car il est vrai que l’on peut en sortir quelque peu claustrophobe au sens mental du terme. Personnellement, je l’ai écouté sur plusieurs jours à raison de 2 titres par jour.
Le second cd, plus copieux, est constitué de 50’ d’improvisation en studio, 10 titres de 3 à 9 minutes, de délires et d’aventures musicales sans doute moins accessibles mais tout aussi exaltantes. Nos 4 compères s’entendent comme larrons en foire et laissent libre court à une imagination sans bornes et révélatrices d’un talent et d’une verve intacte après 3 décennies de silence. Dans l’esprit KING CRIMSON avec qui VDGG partage une certaine vision « no limit » de la création comme le fait de flirter avec la musique contemporaine, le jazz rock, le canterbury, etc.. Quoiqu’il en soit, l’écoute d’un disque de VDGG reste une expérience exceptionnelle et inoubliable que je vous conseille de tenter. A signaler que la discographie complète du groupe ressort en intégralité, remastérisée avec bonus. A écouter en priorité, en dehors de Present, les 4 albums majeurs que sont The Least We Can Do Is Wave To Each Other 1969, H To He 1970 Pawn Hearts 1971 et God Bluff 1975.


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 12207