VANDEN PLAS - Chronicles of The Immortals – Netherworld Path 1 (Frontiers) - 30/05/2014 @ 07h02
Vanden Plas est certainement l’un des meilleurs groupes de métal prog « symphonique » de la scène européenne. Par meilleur, il faut entendre régulier, efficace, constant et consistant. Détenteur d’une discographie de 8 albums en presque 30 ans de carrière, il sait également ne pas se montrer trop pressé ni trop présent. De plus, il possède un linup stable donc fiable et n’ayant pas la grosse tête. En un mot et malgré des projets toujours plus ambitieux les uns que les autres, c’est un groupe humble.

Autre atout majeur bien que circonstanciel, l’actualité des concurrents directs est au repos. Dans ce contexte de calme plat, l’arrivée d’un nouvel album de VDP est toujours une bonne nouvelle. Mais le corollaire à cette situation relativement favorable c’est une surexposition qui peut s’avérer compliquée si le résultat n’est pas à la hauteur des attentes Du meilleur on attend le meilleur, c’est la loi du genre.

Après un tel panégyrique, est-ce à dire que la formation originaire de Kaiserslautern est à l’abri de l’échec ? Non, bien entendu. Car il est son principal ennemi et ses plus grandes qualités deviennent d’incontournables défauts lorsqu’ il peine à se réinventer.

En 2011, pour des raisons techniques, The Seraphic Clockworks a échappé aux radars de V.S. Plus heavy que son prédécesseur, le 7e album des allemands a dans l’ensemble reçu un bon accueil avec toutefois ici ou là quelques notes ou commentaires moyens. Ce qui compte tenu du standing du groupe peut avec le recul paraître léger. Cela reste anecdotique et mais prouve une fois de plus que personne ne fait l’unanimité, si talentueux soit-il, et VDP moins que les autres !

Chronicles of The Immortals apparait donc comme une possible remise à plat, une manière de rassurer les fans et de replacer le groupe sur les bons rails. Ceux de Christ O bien sûr qui nous avait conquis par ses formidables qualités (puissance-éloquence-justesse). Concernant ce nouveau projet, Andy Kuntz, principal compositeur, a travaillé d’arrache pied pour nous offrir un nouveau concept album plus fouillé, plus profond et doté d’une ambition bien supérieure à tout ce qu’il a proposé jusqu’à présent.

Le frontman de VDP s’est inspiré d’une saga d’heroic dark fantasy (c’est très à la mode non ?) écrite par son compatriote et auteur à succès Wolfgang Holbein. D’abord pensé et écrit pour une pièce de théâtre, ces « chroniques des immortels » devaient revêtir la forme d’un double album. Exercice périlleux s’il en est. Devant l’ampleur de la tâche, Kuntz a préféré scinder l’œuvre. Ce qui a immanquablement conduit à prévoir la sortie d’un volume 2. L’année prochaine, dit-on…

Tout est donc en bonne place pour faire de ce 8e album un succès auprès des inconditionnels dont je fais partie. Y compris grâce à un artwork réussi et à un livret riche et soigné. Pourtant, je dois avouer que je n’ai pas immédiatement succombé aux sirènes de cette œuvre audacieuse. J’en ai été le premier surpris. (Meurtri ?) D’ordinaire le travail de Kuntz et consort trouve faveur rapidement et durablement à mes oreilles. Combien même j’admets que leur discographie n’est pas exempte de quelques imperfections certes admissibles mais bien réelles.

Tout d’abord et parce qu’i faut bien l’avouer, la recette depuis Christ O n’a guère changé confirmant que le groupe de Rhénanie-Palatinat s’accroche à sa position de leader incontesté du métal prog symphonique européen. Pour les motifs évoqués plus haut, peu nombreux sont en effet capables sur notre continent de lui contester la couronne. Mais s’il domine à la perfection une construction maintenant bien établie, faite de riffs inimitables et d’envolées quasi lyriques, il montre par là même les limites d’un tel choix et court le risque de s’enfermer dans un style assurément hiératique mais aussi stéréotypé. Et sur la longueur, il finit par donner raison à ceux qui dissertent non sans lucidité sur son manque de remise en question.

Au chapitre des regrets plus que des griefs, je mentionnerais le manque de souffle épique de certaines compos, vraie marque de fabrique des albums antérieurs et notamment sur l’excellent Christ O et je pointerais non sans un agacement mal contenu leur insoutenable et incompréhensible faiblesse. Citons Godmaker, le titre qui a inondé le net avant la sortie de l’album et qui était sensé servir « d’appât ». Sans véritable surprise et manquant de témérité. New Vampyre également est décevant. Voilà un titre qui aurait mérité une physionomie plus homérique, plus emprunte de noirceur. (Le thème s’y prêtait largement). Et que penser de The Kings & The Children of Lost World qui semble sorti tout droit d’un vieux Dream Theater poussif, écueil que la formation teutonne avait jusqu’à ce jour évité ?

Il a donc fallut multiplier les écoutes pour parvenir à extirper une substantifique moelle que j’avais eu le tort de croire évidente mais qui refusait obstinément de s’offrir à une convoitise nourrie par 3 années d’attente. Las ! Même après plusieurs séances studieuses, je n’y suis par arrivé complètement. Ce qui n’a pas manqué d’entretenir chez moi une sourde et sincère inquiétude.

Au milieu de ces authentiques déconvenues que d’aucuns trouveront sans doute insignifiantes ou déplacées, reste que le groupe parvient sur une majorité de séquences – et c’est pour le coup un grand soulagement - à nous embarquer dans son univers fantastique. Grâce avant tout à une production au dessus de tout soupçon, une virtuosité instrumentale sans fards ni ostentation et un art consommé du chant expressif. (Quoiqu’en disent les détracteurs). On a même droit à un duo avec voix féminine du plus bel effet et qui transmet une émotion non factice. (Misery Affection). Enfin, les titres les mieux construits, ceux qui consolent car ils portent en eux l’essence de ce que VDP sait faire de mieux, sont suffisamment convaincants pour au final éviter le total désenchantement. (The Black Knight - A Ghost Requiem – Soul Alliance).

A l’instar du dernier Ayreon qui de prime abord m’avait laissé sur ma faim avant d’emporter mon adhésion, ce nouvel opus des allemands joue les trouble-fêtes. Et sans parvenir à égratigner mon attachement jusqu’ici indéfectible à leur endroit, il sème néanmoins le doute, distille le poison de l’incertitude. Autant de sentiments inconfortables qui jettent une ombre sur une relation maintenant vieille de 20 ans. Rien de définitif mais ils pourraient - pour une période indéterminée - installer une certaine distance avec un groupe que j’ai adoré dès les débuts et que je vois s’éloigner avec une tristesse presque fataliste. Et si je devais synthétiser ma pensée je dirais que pour la première fois s’agissant de l’un de mes groupes fétiches je suis déçu et très surpris de l’être …




Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 13511




Auteur
Commentaire
Jack
Membre enregistré
Posté le: 15/04/2016 à 14h53 - (119847)
"je suis déçu et très surpris de l’être"
Et 15/20 ?
Bigre !

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