Dans la mythologie nordique, un valravn est un homme qui a été ensorcelé et transformé en corbeau. Le seul moyen de briser le sortilège est de boire du sang humain. Mais vous pouvez remballer vos croix et vos clous. Bien que tout ceci ne soit pas engageant, Valravn n'est pas un groupe agressif, bien au contraire.

Né en 2003, le combo nous vient de Copenhague. Au départ réunis dans un projet de musique médiévale du nom de Virelai, les instrumentistes décidèrent d'explorer plus avant la musique traditionnelle sous un autre nom. Et c'est en 2005 que le groupe propose son premier EP Krunk, suivi de concerts avec Garmarna (grosse influence avouée de Valravn). Puis en 2007, sort le double EP Krunk Krunk. Le premier album éponyme du quintet danois apparaît de manière autoproduite en octobre de la même année, avant de connaître une distribution mondiale décente via Tutl (label féoréen des deux premiers Tyr, le monde est petit).

Garmarna est cité, jetons ensuite dans la mare Hedningarna, Gjallarhorn, Bjork ou Sigur Ros parmi les nombreuses références affichées des Danois. Ceux qui suivent le topic de musique traditionnelle sur le forum auront compris que Valravn prend son folk mélangé avec une bonne dose d'expérimentations. Les éléments électroniques sont donc présents tout au long des onze plages où nous emmène promener la bande. Privilégiant la mise en place d'atmosphères oniriques à une simple relecture de titres traditionnels, Valravn fait vibrer sa musique nordique sous le joug de sonorités résolument modernes. Oniriques, les morceaux n'en explorent pas moins toutes les facettes du monde du rêve. Et l'auditeur volète de la légèreté de doux songes (le plus celte et passionné "Marsk", le cotonneux "Under Bølgen Blå") à la martialité du lourd cauchemar (la pulsation de "Krummi" qui sonne presque metal), en passant par des voyages dans des contrées fantasmées (l'oriental "Vallevan", la douce cavalcade de "Olavur Riddararos"). J'ai déjà évoqué un côté celte dans le titre "Marsk", il en est de même avec "Bialowieska", ces deux titres se rapprochant des ambiances neo-celtes d'un Omnia.

Et si la musique est une perle sans aucun défaut, l'atout majeur du groupe réside dans la voix chaude et légèrement éraillée d'Anna Katrin Egilstrøð. Depuis le temps, vous aurez remarqué ma sensibilité aux belles vois féminines dans le folk. Cette fois, c'est une voix engagée et vraiment originale, qui ne pourra évoquer que la grande Bjork. Anna Katrin fait vibrer à merveille son organe, autant douce et fragile un instant qu'éructant un texte accroché le moment suivant.

Sans pousser les expérimentations électroniques aussi loin que Garmarna, Valravn trouve le parfait équilibre entre traditionnel et modernité, comme Gjallarhorn l'a fait en son temps. Gros coup de cœur que cet album, que je ne peux que conseiller aux auditeurs de la facette la plus moderne de la musique traditionnelle scandinave.


Rédigé par : Prince de Lu | 17/20 | Nb de lectures : 10947