Vous ne connaissiez pas USIPIAN ?! Bah ce n’est pas grave parce que de toute façon ce combo bouffe déjà les pissenlits par les racines. A la limite, ce nom dira peut-être quelque chose à ceux qui avaient repéré la pochette signée Dan Seagrave de leur premier album (‘Dead Corner of the Eye’) ou le nouveau groupe de quatre cinquième de son line-up (THE CLEANSING) qui a sorti son premier album au printemps sur Deepsend records, mais basta. D'ailleurs, leur split il y a deux ans m’en avait touché une sans faire bouger l’autre comme le disait Jacques. Sauf que ces Danois nous balancent en pleine poire le genre d’épitaphe qui me pousse à penser que l’on a peut-être plus perdu qu’on ne le croyait au final. Car rien que sur la base des trois premiers titres, initialement enregistrés en octobre 2006 en guise de préproduction en vue d’un second album qui ne verra donc jamais le jour, de ‘In Skinless Form’, on se rend compte que ces mecs-là en avaient peut-être largement plus dans le slibard qu’on le croyait…

Si notre Cobra national les voyait dans sa chronique de ‘Dead Corner’ comme des successeurs potentiels aux regrettés INIQUITY, je les rangerais plutôt dans le même carton que leurs compatriotes d’EXMORTEM ou les Norvégiens de BLOOD RED THRONE dans la catégorie ‘pros du recyclage’. USIPIAN redonnent vie à un style de death-metal quasi-moribond en ce vingt et unième siècle mais qui sent bon les pamplemousses et les palmiers. Attention nuance par contre (accrochez-vous, on va se la jouer GPS et donner dans l’ultra-précis) car s’ils font revivre toute la flamboyance de la Floride triomphante et des Morrisound studios, leur machine à remonter dans le temps nous ramène précisément non pas en 1991 mais trois ans plus tard. C’est-à-dire à une époque où des groupes comme, mettons, MONSTROSITY (influence principale ici) ou BRUTALITY commençaient à étirer, tout en gardant une base musicale reconnaissable entre mille, quelque peu les structures des morceaux et a y ajouter riffs biscornus et solos à gogo. Tout en y rajoutant des parties bien lourdes à la MORBID ANGEL période ‘Covenant’ (« Second to Nothing ») et une bonne louche de mélodies pour le coup assez typée scandinaves, USIPIAN revisite tout cet héritage avec brio tel un embaumeur de talent, réussissant à donner des joues roses et l’illusion de la vie à un cadavre que l’on croyait déjà trop bouffé par les vers. Histoire de mettre les petits plats dans les grands, la production de Flemming Rasmussen (oui, Monsieur ‘Master of Puppets’ mais aussi Monsieur ‘Covenant’, comme par hasard) gonfle tout cela aux hormones et le tout se présente sous la forme d’un joli digipack, avec un croquis de Niklas Sundlin (DARK TRANQUILITY) en guise de pochette. En guise de bonus, on a droit à deux morceaux démos de 2003, déjà disponibles sur un 45 tours et réenregistrés par la suite pour ‘Dead Corner’. On y redécouvre à l'occasion « Shadows of the Once Unseen », titre commençant sur une base ultra-traditionnelle avant d’incorporer des accords plus amples et plus froids, laissant ainsi entrevoir une évolution à la CADAVER (période ‘In Pains’) qui n’aura donc hélas jamais de suite.

Séance de rattrapage, tournée du patron, maxi au rabais, baroud d’honneur… Appelez ‘In Skinless Form’ comme vous voulez mais cela reste avant tout une solide louche de death fuckin’ metal. Et même te mère en short devant Carrefour ne pourrait le nier...


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 3,5/5 | Nb de lectures : 10170