Y'a Urt!! C'est ce cri très bulgare que j'ai poussé en découvrant que le troisième volet de Saatanhark était sorti chez Arhalised Helid. Si je ne vous ai pas parlé du groupe estonien Urt sur VS avant son quatrième opus, c'est principalement parce que ses sorties sont très mal distribuées. Et encore, quand ce ne sont pas des pressages plus que limités (l'excellent Varjuring a été pressé sur CD en autoproduction... à 100 exemplaires. Paye ta diffusion). Et pourtant, Urt ça décoiffe grave. Il aura fallu attendre 2008 et le troisième opus Saatanhark II – Ussikuningas pour que la nouvelle écurie du combo, Arhalised Helid, rende les sorties un peu plus accessibles. Ayant raté l'occasion de vous parler du II, je me jette comme un larron sur le III. Urt, ça bute.

Le combo nous vient droit d'une ville proche de la frontière russe, Polva (d'où sont originaires Realm of Carnivora ou Sojaruun, deux combos avec qui le groupe partage des membres). Officiellement, Urt s'estampille "fierce pagan metal". Sous cette appellation bien peu contrôlée, se cache le mélange incontrôlable et détonant d'un black metal rageur couplé à des riffs thrash, heavy et death. Urt exploite tout ce qui lui tombe sur le manche, comme un gros barbu aviné en train de vous broyer la moitié d'un bar sur la gueule. Si parfois on ne comprend pas tout à fait où certains groupes veulent en venir, les Estoniens montrent clairement la direction: tout droit et si possible en écrasant le plus de choses sur leur passage.

En premier lieu, Urt livre des titres toniques à haute valeur énergétique. "Kristallistunutt", "Locus Infernus" (et son excellent final) ou le refrain mélodique de "Homo Homini Lupus Est?" sont dévastateurs. Le pont avant la partie finale de "Varivalguspiirile" est à tomber par terre. Mais Urt lève aussi le pied le temps de morceaux plus posés, dont le groove n'est pas sans rappeler fortement Loits ("Must Päike" avec son break thrashy ou "Uinuva Kaevu Saladus", un titre qui donne faim). La force du groupe réside dans sa capacité à placer le changement inattendu, à casser la dynamique avec un riff complètement différent mais encore plus fort. L'album n'est pas hypnotique, mais son énergie est contagieuse et ses riffs sont souvent bien jouissifs, portés par des textes en estonien qui roulent et claquent dans la gorge du hurleur de service. Urt transpire le metal et la terre fraîche et noire d'une forêt sous la pluie. C'est ce qui permet au groupe de nous enfiler près de 57 minutes de bruit sans provoquer la moindre lassitude. 57 minutes, car l'édition digipack se termine par une reprise vitaminée et épique de Ruja, un groupe de rock progressif estonien des années 70-80 (pas sûr qu'il reconnaitrait leur compo).

A notre période de saturation des sorties, la recherche se porte sur l'efficace ou l'original. Et dans un black bien trop lénifié sous l'effet de masse, concilier les deux n'est pas chose facile. Si Varjuring avait été un électrochoc, le pagan furibard d'Urt reste aussi jouissif quatre ans plus tard. Tout n'y est pas exceptionnel et les deux premiers Saatanhark marquaient même un peu le pas. Mais devant la qualité de ce troisième volet (et son pressage conséquent), je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille à cette précieuse pierre balte, enrobée dans une production organique et puissante. Aidé par les blogs de pirates qui approcheront cet album de votre oreille, vous pourrez vous demander si cela vaut le coup. Pour moi, il devait absolument y avoir chronique. Il n'était que temps de libérer la rage primale!


Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 10630