Précédemment dénommé Raven, Urskumug a vu le jour en 2002 avec l'ambition de pratiquer un black metal atmosphérique avec une grosse BAR qui bourre sa mère. C'est sous la forme d'un trio, composé de deux guitaristes et d'un clavier, que le groupe enregistre son premier album autoproduit "Pareja" en 2004. Cela signifie "Passage" et n'a rien à voir avec les paréos, puisqu'Urskumug aborde des thèmes très proches du pagan. Les forêts, les chamans et tout ça. Après un split avec Medievil en 2005 (jamais entendu celui-ci), la bande désormais complétée d'un bassiste signe chez Ledo Takas Records (Obtest, anciennement Loits). Et voici que déboule sur VS le second album "Am Nordr", bien qu'il soit sorti en avril dernier.

Pour être honnête, ça fait longtemps que j'ai acheté cet album mais je n'ai pas trouvé utile d'en parler. Le destin m'a forcé la main sous la forme d'un promo encore recouvert du guano des mouettes du transnordique en provenance des pays baltes. Peut-être un peu trop classique dans mes conceptions, j'ai un peu de mal à associer l'esprit tribal/pagan à un musique froide sur fond de BAR martiale lancée à fond les manettes. Et Urskumug a bien du mal à se définir : tribal black metal, black atmosphérique, etc. Le groupe de Riga déclenche divers qualificatifs, sans que cela ne soit pourtant plus clair. Alors lançons-nous dans l'exercice.

Leur black est rapide et non dénué de passages techniques. La répétitivité des riffs met en place une ambiance qu'on peut rapprocher des groupes plus atmosphériques. Mais vous n'êtes pas chez Hate Forest, bien que la vitesse soit identique. Urskumug ajoute beaucoup de mélodies, de leads en trémolo, de ponts un peu biscornus qui me font même fugitivement penser à Enslaved dans ses œuvres les plus progressives. "Beowulf" fait notamment référence aux Norvégiens dans son pont décalé avec une grosse voix grondante. Mais j'ai bien dit "fugitivement" ! Car Urskumug manie le feu et la glace. Et pour un plan atmo bien placé, ils vont pondre le riff thrashy biscornu du couplet de "Talking as a Shaman's Son", avec son pattern festif et ses leads excités qui cassent toute l'ambiance posée précédemment. Perdue dans un riff bourrin, la guimbarde sur "The Guardian" débarque comme une enclume dans la soupe, tout comme le break de guitare au début de "Am Nodr" qu'on croirait inspiré par Ron Thal (alors que le refrain pourrait poser une bonne grosse ambiance).

Au fil de l'écoute, le truc perturbant est cette sensation qu'Urskumug ne tient pas en place pendant les huit morceaux, que le groupe est insaisissable stylistiquement sans pour autant briller par son originalité. Il tambourine dans tous les coins qui lui plaisent sans se poser de questions d'homogénéité. D'un côté, le groupe n'essaye pas d'écraser l'auditeur sous des compos massives et "Am Nodr" y perd beaucoup dans son atmosphère générale. Et d'un autre côté, il ne joue pas non plus la carte de l'originalité décalée, à cause de l'aspect monolithique de longues répétitions du même riff. Si le groupe est aventureux, le résultat plonge dans un abîme de perplexité, restant toujours le cul entre deux chaises, entre le décousu et le rigide.

Pendant 41 minutes, les Lettons envoient la sauce sans aucun complexe. Mais leurs difficultés (à mon sens) à se raisonner font de "Am Nodr" un album qui chasse plusieurs lièvres à la fois. Manquant de cohésion, cet opus ne me séduit pas… mais n'arrive pas à me déplaire pour autant. Et dire qu'il faut lui mettre une note et que je ne suis pas normand… A écouter pour la science.

Le site officiel paraît bien en vrac.


Rédigé par : Prince de Lu | 12,5/20 | Nb de lectures : 9633