URIAH HEEP - Live At Koko / London 2014 (Frontiers) - 08/06/2015 @ 07h32
On prète à Rush la paternité du métal prog. Si cette opinion est massivement acceptée, parallèlement aux Canadiens, il y eut en Europe et à peu près à la même époque l’avènement d’un autre précurseur du genre : les Anglais de Uriah Heep.
Son émergence ne fût pas aussi rapide et efficace que celle des natifs de Toronto car Rush n’eut pas à « subir » sur son continent une trop rude concurrence. A contrario, coincé entre Deep Purple, Led Zep et Black Sab, Uriah Heep dut jouer des coudes pour se faire une place et un nom.

Un peu d’histoire.

En septembre 1967, sous l’impulsion de Ken Hensley (chant-claviers), et après un premier split, un groupe de second plan (les Gods) évoluant dans l’ombre du Cream et des Bluesbreakers se reforme avec de nouveaux membres : John Konas à la guitare, Paul Newton à la basse et Lee Kerslake à la batterie donnant ainsi naissance à une première mouture du futur Uriah Heep.

En 1969, après 2 albums infructueux, John Konas quitte le navire en plein enregistrement du 3e qui sera finalement publié sous le patronyme Head Machine. Nouvel échec et fin de l’aventure des Gods/Head Machine. D’autres tentatives tout aussi stériles (Toe Fat-Spice) et donc abandonnées précipiteront la naissance du Heep autour de certains rescapés de ces différentes formations éphémères.

La même année, après bien des péripéties dont le remplacement en fin d’enregistrement du batteur Alex Nappier par Nigel Olsson, sort le premier album du Heep. Celui à la pochette controversée montrant une tête d’homme enrobée dans une toile d’araignée. (“Very ‘eavy, Very ‘umble”). Le linup est alors constitué de Byron-Box-Newton-Napier/Olsson. Mais, comme une malédiction, le succès ne vient pas tout de suite.

En 1972, après 3 albums boudés ou « aimablement » accueilli par la presse et le public (Very Easy Very Umble 1970 - Salisbury 1971 – Look At Yourself 1971) et quelques remaniements de personnel Uriah Heep parvient enfin à se faire un nom.

Certains d’entre vous (s’ils ne sont pas trop jeunes) se souviendront avec plaisir de ces 2 albums mythiques sortis cette même année 1972 : Demons & Wizards et the Magician’s Birthday. 2 opus qui vont enfin propulser le groupe au devant de la scène hard rock progressif.

S’enchainent tournées triomphales en Europe et aux USA. Puis rapidement, Uriah Heep décline une discographie abondante mais inégale en qualité et loin des premiers succès. Emergent tout de même du lot quelques bons disques mais artistiquement parlant, la seconde partie des années 70 s’avèrera moins intéressante. Quant à la décennie 80, elle sera tout simplement mortelle, laissant un groupe en lambeaux et des fans révoltés et déçus par la tournure des évènements. Après cela, malgré une pléthore d’albums très irréguliers et de lives trompeurs le groupe ne retrouvera plus jamais son lustre d’antan. Heep est certainement un groupe prolixe capable de sortir 2 albums la même année (1972 et 1977) ou à très peu de mois d’intervalle. Mais comme déjà dit, cette prolixité ne rime pas avec qualité.

Uriah Heep aujourd’hui.

Près d’un demi siècle plus tard, les vétérans anglais sont toujours vivants. Leur histoire est un peu la même que celle de Wishbone Ash contée en 2013 sur VS. Succès, déboires, illusions perdues, mort et renaissance et finalement une présence assurée par des concerts où se pressent aficionados de la première heure (généralement aux tempes grises ou aux cranes dégarnis) et nouveaux venus découvrant un groupe attachant à défaut d’être en phase avec son époque.
Le line-up actuel compte Bernie Shaw (voix), Mick Box (guitare), Phil Lanzon (claviers), Davey Rimmer (basse) qui succède à Trevor Bolder décédé en 2013 et Russell Gilbrook (batterie). De la formation originelle ou de celle des années fastes ne restent que Box et Lanzon. Signalons qu’elle a un temps compté en ses rangs un certain John Wetton venu épauler le groupe pour 2 albums : Return To Fantasy (1975) et High And Mighty (1976).

Dans la rubrique nécro, Uriah Heep a payé un lourd tribu en perdant tout d’abord Gary Thain, le bassiste néo-zélandais, disparu en 1975 à l’age 27 ans des suites d’une overdose ; puis David Byron, premier chanteur du groupe, mort en 1985 à l’age de 38 ans. Enfin, comme dit plus haut Trevor Bolder dernier bassiste en date décédé en 2013 d’un cancer du pancréas à l’age de 62 ans.

En 2015, le Heep c’est en chiffres une trentaine d’albums studio, presque autant de compilations et bootlegs et 8 albums live dont le dernier sorti en 2014 fait l’objet de cette kro : Live At Koko. Le Koko étant - comme vous devez le savoir (ou ne pas l’ignorer) - situé à Londres et anciennement appelé Camden Place.

Ce live est présenté sous la forme d’un coffret 2 CD + DVD (Bluray) et couvre pour une bonne moitié la période « glorieuse » soit avant 1974. L’autre étant consacrée à une époque qui va de la décennie 90 à nos jours. Une décennie que d’aucun souhaiterait oublier même si par ci par là, il est possible d’en extraire quelques bons titres.
Ceci dit, si la soupe offre 2 saveurs différentes, les cuisiniers atteints par la limite d’age (la majorité frôle avec les septantes) semblent tout à fait en forme et nous livrent une prestation plus qu’honorable. Ils n’ont plus grand-chose à prouver et c’est peut-être cela la recette du bonheur. Jouer sans pression ni contraintes, se faire plaisir et faire plaisir…

Au menu de ce 8e live (peut-être le dernier vu l’age des protagonistes), un passage en revue de 40 années de carrière avec des titres classiques : Look At Yourself au tempo accéléré , le toujours superbe July Morning, le folky Lady in Black – Traveller in Time - Easy Living. D’autres moins connus issus d’albums de la période « creuse » ou bien les récents Can’t Take Away et One Minute tirés du dernier album Ousider sorti en 2014. Bref, de quoi satisfaire malgré tout et à égale parité fans de la première heure et découvreurs d’une formation qui a tant apporté au rock sans recevoir en retour les honneurs qui lui sont dus. C’est malheureusement le lot de nombreuses formations injustement qualifiées « de seconde division »…


Rédigé par : Karadok | live nostalgique/ | Nb de lectures : 8907




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