Même si ce n'est pas très black metal comme attitude, il y a des choses qui font plaisir et qui m'obligent à me sanctionner à coups de cutter chaque fois que ma pensée s'égare du côté positif de la Force. Par exemple, prenez la signature d'Urgehal chez la nouvelle division de Season of Mist, Underground Activists. Ce nouveau pacte devrait leur permettre de diffuser encore mieux leur nom, après leur départ d'Agonia Records qui les distribuait déjà pas mal. Et ça, ça fait bien plaisir pour eux. Aïe!

Véritable détonateur de la reconnaissance d'Urgehal, le précédent album Goatcraft Torment sorti en 2006 met quelque peu en porte-à-faux un groupe qui désire farouchement ramper dans l'underground. Les Norvégiens ont aussi l'avantage de ne pas être un projet MySpace avec deux titres potables au compteur. Véritable machine de guerre sur scène après 17 ans de sévices, le combo livre aujourd'hui leur sixième opus. Mais il fallait vraiment être norvégien pour les découvrir sur les planches avant Goatcraft..., ce que votre serviteur a eu la chance de vivre en 2004 à Oslo. Vi je me la pète, mais je ne cache pas mon affection pour le black groovy des grimés depuis quelques années.

Niveau line-up, le batteur Uruz (ex-Shining) a décidé de quitter le navire en 2008, ce qui ne l'a pas empêché de venir aider ses potes à enregistrer ce nouvel album début décembre 2008. Preuve de la bonne entente, il a également assuré les fûts lors des festivals en août dernier, le nouveau batteur, Renton, étant pris par la tournée de Sarkom en ouverture de Shining. En avant-goût, vous retrouverez Renton aux baguettes sur le titre "Kniven Rider Dypt i Natt" du présent opus. Le remplaçant est loin d'être manchot et, évidemment, Enzifer (alias Pinhead) est toujours là!

Ikonoklast débarque comme un album qui me fait des gouzi-gouzi partout. D'enthousiasme d'abord, à l'idée de m'enfiler une nouvelle galette de la bande à Trondr Nefas. De crainte aussi, à cause d'un certain effet de saturation dû aux innombrables sorties actuelles et de l'éparpillement du potentiel créatif du combo. Quand je parle d'éparpillement, j'évoque les nombreux projets auxquels s'adonne Trondr Nefas ces dernières années. Entre Beastcraft, Endezzma, Angst Skvadron, Bloodsworn, Vulture Lord, In Lingua Mortua, les lives avec Krypt, on peut se demander comment le guitariste gère son emploi du temps et sa composition de riffs (dans des projets pas toujours du même niveau). Il paraît qu'il a arrêté d'aller aux chiottes pour gagner du temps et entretenir sa mauvaise humeur.

Rassurez-vous, Urgehal donne toujours dans le massif, un black lourd et rampant taillé dans une table en chêne à coups de serpette. Si la production globale est bien moins rêche depuis Goatcraft Torment, la musique n'a finalement que peu changée, alternant toujours parties furibardes et poses d'atmosphères propres à faire headbanguer le chaland. Le combo nous sort encore des riffs dont Trondr Nefas a le secret et l'excellent thème d'ouverture de "Astral Projection to Rabid Hell" n'aurait pas démérité chez Angst Skvadron. Ca envoie pas mal de petit bois, même si on aurait aimé prendre un vrai rondin dans la gueule.

Car dès les premières écoutes, le combo me donne l'impression de rabâcher par rapport à Goatcraft Torment. Ikonoklast renferme bien sûr sa part de riffs énormes dans un album souvent lancé à bonne allure, des riffs qui me font bien kiffer ma vibe avec ma meuf (spécial kassedédi à Hijab Diam's!). Mais j'avoue que l'ensemble sonne trop retenu pour vraiment me faire peur. La baffe collée hier fait probablement moins mal sur une joue burinée par de nombreux coups, mais Urgehal semble quelque peu en panne d'essence par moments. Par exemple, "Cut their Tongue shut their Prayer" est un bon titre, bien monté, mais qui ne décolle pas suffisamment pour faire baver de rage. Par exemple encore, une première moitié de "The Necessity of Total Genocide" qui ronronne tranquillement sur deux riffs avant de penser à prendre son essor gentiment. Par exemple encore encore, un "Holocaust in Utopia"... bref vous aurez compris. Malgré un démarrage d'opus burné avec "Stesolid Self-Destruction to Damnation", on a droit à du Urgehal franchement tranquille et c'est bien ça qui fait un peu chier. Cette fois, le groupe ne parvient pas à me surprendre et à m'assommer à coups de riffs assassins.

En fanatique, je ne cache pas que je ferai personnellement l'investissement dans ce nouvel opus, tout comme dans la récente réédition CD de la démo Rise of a Monument. Ikonoklast reste assez efficace et suffisamment groovy pour donner envie de tirer sur ses voisins à la carabine, mais il manque de crasse et de noirceur. Je suis pour l'instant largement resté sur ma faim, par manque de puissance de feu là où un Tyrann aura remis les pendules à l'heure en matière de patronat du black bourrin élevé en plein air norvégien.




Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 12394