Quelques mois seulement après la sortie du cinquième FATE, « V », son chanteur Per Johansson revient faire un tour dans les bacs avec UREAS, projet cathartique monté avec sa femme Heidi. « The Naked Truth » est en effet loin d’être un choix de titre anodin, tant la famille Johansson a vécu de galères ces dernières années ! Entre rejet familial, maison détruite dans un incendie, dépression et tentative de suicide de Per il y a quatre ans, on peut dire que le couple revient de loin et c’est le moyen qu’il a choisi pour chasser le mauvais sort qui s’est acharné sur lui…

Présenté comme un groupe de power metal mélodique sur le site, UREAS a cependant plus à voir avec FATE, dans une veine plus mélodique encore avec beaucoup de passages calmes sur lesquels la voix douce et ferme de Heidi Johansson fait merveille. Les guitares sont pourtant bien là, et il est vrai parfois très puissantes (« Intoxicated », « Bang Bang », « Spiritually Possessed »), mais ce qui marque avant tout c’est la charge émotionnelle de chacun des titres, tous en rapport avec ce que Per, Heidi et leurs enfants ont eu à subir. Le resserrement de la cellule familiale évoqué dans la bio du groupe est ainsi subtilement illustré par les deux époux qui tantôt se donnent la réplique, tantôt chantent à l’unisson, chacun veillant sur l’autre, prêt à prendre la relève au moindre signe de faiblesse.

Conceptuel par son fil conducteur autobiographique, « The Naked Truth » explore cependant plusieurs univers musicaux et pas toujours avec bonheur il faut l’avouer : « Seven Days Weekend » est ainsi une faute de goût difficilement pardonnable sur un album d’une telle subtilité, y mettant un terme sur une note cyber/synthétique digne du générique de « Nono Le Petit Robot » ! Heureusement les neuf autres titres sont intenses, touchants, tubesques… imparables quoi. Si Per Johansson chante un peu plus agressivement que dans FATE, il excelle autant toutefois dans les changements de registre et ses envolées lyriques foutent décidément toujours autant le frisson (allez jeter une oreille sur « Survived »), d’autant que comme FATE, UREAS utilise beaucoup de nappes symphoniques pour accentuer la force dramatique de certains passages.

Les Danois ne sont pas passés loin de la perfection et auraient pu s’ajouter avec ce premier effort à la liste des artistes dont les tourments ont donné lieu à des albums de légende (Blackie Lawless et son « Crimson Idol », Roger Waters et « The Wall », pour ne citer qu’eux), mais son gros défaut est d’être trop court. Un morceau poignant comme « Survived » aurait en effet mérité plus que les 3’52 qui lui ont été accordées, comme d’autres d’ailleurs. Cette relative brièveté n’ôte rien à la qualité de l’album qui est très, très bon, mais elle le pénalise en laissant l’auditeur sur sa faim. Comme si, invité à un bal de l'ambassadeur, on ne vous laissait prendre qu'un rocher sur la pyramide dorée tendue par le maître d'hôtel. Quoi qu’il en soit, UREAS confirme qu’en plus d’être un grand chanteur, Per Johansson est un interprète d’exception pour qui, on l’espère, les galères sont terminées.


Rédigé par : Dungorpat | 14,5/20 | Nb de lectures : 12284