Il est vrai qu’en voyant l’artwork de ce disque, on pourrait se demander ce que United Airlines viendrait faire dans les colonnes de VS. En fait, ce sobre logo a tout simplement été détourné par les affreux d’URBAN ALIENS, formation qui sert d’exutoire à la démence de Steven Henry, le guitariste-bûcheron de NEURAXIS.
Le père Steven, qui a décidément le goût de s’acoquiner avec des individus douteux, nous revient ici avec un groupe de punk métal politiquement incorrect, cynique et hilarant.
Il est vrai que la musique d’URBAN ALIENS se contente de nous resservir, sur quelques titres, les poncifs catchy du métal punkoïd à grands coups de riffs enjoués taillés pour le pogo, peut-être pas nouveau mais ô combien efficaces pour se défouler après une harassante journée. Mais URBAN ALIENS sait également se faire parodique avec le break mielleux de « Pourquoi ne suces-tu plus ? » ou encore « Weather’s fault » parfaite caricature des BIOHAZARD et consorts.
Mais l’intérêt de ce nouveau groupe réside dans ses textes truculents, majoritairement vomis en français par un chanteur doté d’un accent québécois à couper à la machette. Pas facile d’être pris au sérieux dans ce cas de figure mais ce diable de créteux dispose d’un registre varié et corrosif qui en ferait pâlir plus d’un de jalousie. Je disais « en français », je devrais plutôt dire dans la langue de Robert Charlebois parce que la compréhension des paroles de même que leur lecture relève du décryptage anthropologique. Dans le soucis d’enrichir votre culture personnelle et, dans l’optique d’un rapprochement franco-québécois, sachez donc que les « washers » sont les mamelons et que les « gosses » sont les testicules. Cela lèvera une partie du voile obscurantiste qui plane sur URBAN ALIENS pour les pauvres porteurs de bérets en puissance que nous sommes.
Même si le sujet de la plupart des chansons ne dépasse pas le niveau de la braguette, URBAN ALIENS ne supporte pas franchement la comparaison avec notre GRONIBARD national ni même une autre formation de porngrind quelconque. La doctrine sex, drugs and rock’n’roll colle parfaitement aux obnubilations de ces métallo-punks disjonctés. L’insolence, la critique (« Toute va péter ») et le fun (« Sox suk ») sont également de la partie. Rien ne semble arrêter ces « aliens urbains ». Steven est même allé jusqu’à ajouter au disque un message de répondeur téléphonique d’une ex, visiblement énervée, pour introduire (si j’ose dire) le philosophique « Pourquoi tu fourres pas ? ».
Un invité plutôt inattendu, en la personne de Pat Loisel (AUGURY), vient prêter sa voix sur deux titres : l’horrifique « Filles mortes » et sur le ghost track « Au pays de Mimi » ; une parodie porno de la chanson de Candy (oui, oui, le dessin animé préféré des filles).
Un disque décidément léger, insolent, plein d’exotisme décadent, qui nous réconcilie avec le vert pays qui nous a infligé Céline Dion et Garou.
Je ne saurai que trop vous conseiller de visiter leur site officiel et de jeter un œil sur les paroles : dépaysement garanti.



Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 10489