Sorti au printemps dernier dans une relative indifférence, il aura fallu attendre de nombreux mois et les tuyaux fort avisés d’un de nos lecteurs, qui se reconnaîtra sans peine, pour combler la lacune d’une chronique de ce premier album d’UNREAL OVERFLOW dans nos colonnes.

Il va sans dire que les amateurs les plus pointus de death n’auront pas manqué de remarquer les débuts discographiques de ce nouveau groupe espagnol. Aussi l’article qui suit s’adressera aux retardataires qui auront raté le coche comme ce fut encore mon cas voilà quelques semaines.

Il ne faut pas plus de quelques accords du premier titre « Path to the Human involution » pour reconnaître l’influence du regretté Chuck Schuldiner sur le jeu des deux gratteux. Même son de guitare, même goût pour les arpèges joliment ficelés, même déclinaison des growls vers les aigus mais également un titre d’album qui aurait assurément séduit Chuck lui-même. Cependant, l’influence, si évidente au prime abord, de DEATH, s’estompe progressivement pour laisser pointer les réminiscences d’accords jazzy à la CYNIC et ne revenir qu’au travers d’intros instrumentales ou de certains passages aux accords familiers.

Vous l’aurez compris, cet album que des oreilles distraites auraient tôt fait de classer du côté d’un death mélodique est en fait un petit bijou de techno-death progressif ressassant avec panache le souvenir d’une faste époque où les noms de DEATH, CYNIC, ATHEIST et PESTILENCE suscitaient une réelle dévotion. Un style qui semble connaître un certain revival si l’on en croit les reformations récentes de quelques-unes de ses plus fines lames mais également l’arrivée ou la confirmation d’autres formations directement liées à ce courant.

Comme ses illustres aînés, UNREAL OVERFLOW nous propose une musique principalement articulée autour d’une paire de six cordes dotées d’une exquise finesse. Il aura fallu un solide duo de guitaristes pour nous broder ici les délicieuses trames d’un death metal riche en mélodie et en variation. Un duo épaulé dans sa tâche par une section rythmique tout aussi pointue dominée par un batteur vraiment doué. De temps à autre, UNREAL OVERFLOW cède à la facilité de passages plus thrash tout simplement efficaces ou aux cavalcades d’accords mélodiques à la AT THE GATES. De même, les guitares saturées cèdent, de temps à autre, leur place à des sonorités acoustiques du meilleur effet. C’est d’ailleurs sur un titre entièrement acoustique qu’UNREAL OVERFLOW a choisi de parachever sa première œuvre. Le silence qui suit laisse un peu songeur sur les capacités déployées ici et nous remémore que la subtilité a encore de beaux jours à écouler sous les cieux métalliques.

Il va sans dire que ce quatuor n’initie rien de réellement neuf et perpétue le savoir-faire d’illustres groupes sans réellement se risquer à des variantes plus personnelles ou audacieuses, cependant, UNREAL OVERFLOW a le mérite de connaître son sujet et de le développer avec une justesse pleine de maturité. C’est donc sans avoir à rougir de sa jeunesse que « Architecte of incomprehension » trouvera naturellement sa place entre vos exemplaires de « Focus » et « Symbolic » si vous n’êtes pas un maniaque du classement alphabétique.


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 12887