UNMOORED - Indefinite Soul-Extension (Code666) - 03/10/2003 @ 16h24
Les albums qui explosent leur starting-block dès la première seconde sans mouvement introductif sont rares, et quand on tombe sur l’un deux on peut être certain que le groupe en question a la bave aux lèvres et crève d’envie de prouver quelque chose. Unmoored n’échappent pas à cette règle. Après près de dix années passées à traîner ses guêtres de problème de line-up en problème de label - avec à la clé deux albums confidentiels parus sur une boîte de Singapour (Pulverized Records) - on peut aisément comprendre que le trio suédois soit d’humeur à passer ses nerfs sur tout ce qui bouge. Alors quand Code666, le label qui aime bien signer des bons groupes (rigolez pas, c’est pas le cas de tout le monde apparemment…), leur fournit les armes de la vengeance, Unmoored sautent sur l’occasion et balancent toute la sauce dans les gencives d’une scène avachie dans ses petites coutumes. Evoquons donc cette fameuse entame exterminatrice : « Unspeakable Grief » c’est d’abord un fantastique riff carré et hyperactif typique de l’école At the Gates, qui taille sa route sur un brasier de blasts claquant dru. Rapidement survient un roulement rageur qui ouvre sur une dépression du rythme et un decrescendo de synthé simple mais très bien senti, surtout pour ce qui est de sa sonorité spectrale qui laisse flotter un parfum de mystère. Puis la rythmique de départ reprend la main tandis que les percussions se sont espacées mais alourdies. Le chant ample et guttural parachève idéalement un arsenal qu’on devine à raison capable de destructions massives. Une poignée de mesures plus loin, lorsque l’on commence à croire qu’on va entrer dans le « ventre mou » du morceau, le vocaliste Christian Älvestam sort de sa manche un atout insoupçonné qui s’avérera ô combien décisif à maintes reprises : un chant clair époustouflant, bien calé dans l’aspiration d’un Akerfeldt, travaillé juste ce qu’il faut à l’effet pour sublimer et non pas modérer l’élan belliqueux de la musique. A peine plus de 1’30 de l’album ont été dévoilées et déjà Unmoored ont introduit la pleine mesure de ce qui constitue leur surpuissant potentiel de feu. Le Abyss Studio a offert sur un plateau une production en or massif que le groupe a parfaitement su convertir à ses besoins, entre autres celui de s’affirmer comme l’antithèse d’un clone de ses illustres prédecesseurs dans l’antre prisé de la famille Tägtgren - piège dans lequel nombre de groupes sont tombés avant lui. Unmoored pratiquent un death metal suédois avec un dosage de brutalité pure et de subtilité mélodique rarement vu. Ils ne donnent jamais dans la demi-mesure et s’ils ont décrété qu’un passage doit être violent, alors il le sera sans aucune retenue. A l’opposé, les éléments mélodiques tels que les solos et les claviers sont traités avec un soin du détail qui fait pleinement honneur aux compétences individuelles des musiciens, et s'incorporent admirablement dans la dynamique jusqu’à causer des vagues de chair de poule intarissables, même avec l’habitude. Si le niveau global de l’album ne connaît aucun moment de faiblesse manifeste, on note que les prouesses les plus ahurissantes sont intelligemment dispensées de façon régulière. Ainsi aucune routine ne s’installe et l’on est tenu en haleine par le pilonnage intensif mâtiné d’emprise technique d’Unmoored jusqu’au prochain des abondants highlights épiques. A la fin de toutes choses, on prend doucement congé de cet album coup de poing avec « Final State Part III », une belle semi-ballade qui fait office de repos du guerrier. Que vouloir de plus, sinon la confirmation prochaine que le groupe est capable de capitaliser sur ce succès sans rien perdre de son énérgie, et en accroissant si possible encore la ration de brio et d’idées lumineuses. Soyons réalistes : Unmoored peuvent et doivent tout casser dans les prochains mois/années. Le danger pour eux serait de se retrouver bien malgré eux enlisés dans le jeu des comparaisons hâtives et de la question « pourquoi aurais-je besoin d’un nouveau Edge of Sanity ou d’un nouveau early-Soilwork ? » que le fan bienveillant mais fauché risque de se poser. Alors qu’à y regarder à plusieurs fois, éclate le constat irréfutable : Unmoored ont quelque chose à proposer en sus des groupes précités et de la plupart de leurs congénères de cette scène désormais dévaluée par les stéréotypes. Car outre leur performance musicale au-delà de tout reproche, Unmoored possèdent ce petit plus bien à eux, ce plus qui rend leur personnalité inviolable et confère à « Indefinite Soul-Extension » l’étoffe des albums clé de voûte à adopter sans autre formalité.
http://www.unmoored.com


Rédigé par : Uriel | 17/20 | Nb de lectures : 8425




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Commentaire
BozKiller
Membre enregistré
Posté le: 06/10/2003 à 11h22 - (5627)
Le parallele ac Soilwork est des plus judicieux! L apport des refrains en voix clair est tout simplement excellent, et les riffs death black a la suedoise font place nette. Une tres bonne decouverte pour ma part!
Les decus de Soilwork devraient y trouver leur compte!!


yogi
Invité
Posté le: 09/10/2003 à 02h33 - (5661)
très intéressante cette kronik..
ca m'a donné l'eau à la bouche !
merci Uriel

Gaijin
Invité
Posté le: 04/11/2003 à 01h17 - (6047)
FANTASTIQUE!! :)))

dEmOcRaTuRe
Membre enregistré
Posté le: 30/04/2006 à 06h23 - (28001)
super chronique, super album, çà déchire sa race!!!

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