Personne n'en est dupe, dans le petit monde du metal les passations de pouvoir virtuelles sont permanentes mais sans effet majeur par la grâce de la valse orchestrée par les magazines et les labels les plus puissants qui font depuis toujours primer l'image sur la valeur effective. Cette petite amorce n'est pas le début d'une leçon de morale, juste une façon comme une autre de faire comprendre clairement qu'avec ce brûlot sanguinaire de black metal pré-" Nightwing ", Unlord mériteraient largement autant de considération que le Marduk d'aujourd'hui. Le sympathique trio qui, pour une raison ignorée, refuse de dévoiler sa nationalité (je penche pour néerlandaise, faites-moi signe si je me trompe), semble nous déclarer toutes voiles dehors : " Pourquoi s'emmerder à rechercher la complication lorsqu'on peut très bien faire très mal le plus directement qui soit ". Sûrs de cette doctrine frontale, Unlord se sont attachés à plaquer sur leur disque autant de barbarie démontée qu'on peut se l'imaginer. Ultra-rapide sauf exceptionnelle dérogation (" Lord of Beneath "), leur black expéditif renoue même avec la bonne vieille tradition du règlement de comptes direct (" Torch the Bastards "). Les morceaux sont courts à très courts - plusieurs n'enjambent pas la barre des deux minutes - et lisibles pour le plus profane d'entre tous grâce à un bouquet sonore nickel chrome qui fait sonner la batterie comme une ribambelle de coups de fouets portés au plus près des parties bien charnues, et laisse juste l'entrebâillement qu'il faut pour accueillir les bavures saturées des guitares qui se chargent d'édulcorer agréablement tout aspect trop clinique. Quelques draperies de synthé discrètes parachèvent la pose du climat occulte de rigueur. Oh bien entendu on ne pourra pas dire qu'Unlord a inventé le beurre à couper le fil, mais le fait est que se prendre un tel autobus à pleine vitesse dans la face peut vous tirer facilement de la déprime après une journée où votre conjoint(e) vous a quitté(e), où vous avez été viré(e) de votre boulot et avez eu un accident de voiture en rentrant chez vous... En évitant soigneusement d'espérer d'un tel album plus que ce qu'il propose, on oublie son originalité 0 et on peut même s'amuser de voir les plages 8 et 11 commencer par des bombardements rythmiques jumeaux (à un minuscule toucher de caisse claire près). Si vous possédez déjà une collection conséquente au rayon Marduk, Setherial, Dark Funeral, Belphegor et autres gâteries, c'est à vous de voir si vous voulez y adjoindre un nouveau nom à la lettre U. Si au cinéma elle vient tout juste de débarquer avec pertes et fracas, en tout cas dans le milieu du metal " L'Attaque des Clones " est en route depuis belle lurette...


Rédigé par : Uriel | 13/20 | Nb de lectures : 6225