Le cas d’Unleashed est un peu atypique. C’est en tous cas la preuve qu’à force d’abnégation, on parvient toujours à quelque chose. Ou qu’en gros, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Je m’explique : après avoir démarré très, très fort (‘Where No Life Dwells’ in 91, « Before The Creation Of Time » et tout ça), ces Suédois avaient petit-à-petit dilué leur talent à force d’entre faire trop. Et surtout, la petite combine du ‘comme-le-précédent-mais-avec-une-pochette-différente’ qu’ils nous dégainaient à chaque skeud avait fini par devenir un peu trop voyante, ce qui fait que je n’en ai pas entendu beaucoup râler quant ils ont annoncé leur désir de « suspendre » leurs activités en 1998 après le fatigué ‘Warrior’. Le pire est lorsqu’ils ont décidé de remettre quelques pièces dans le juke-box trois ans plus tard, leur musique et leur attitude n’avaient pas dévié d’un millimètre de leur trajectoire initiale. Unleashed a donc alors repris les choses exactement là il les avait laissé. Et il a continué. Et continué. Et encore continué. Au point qu’aujourd’hui, comme une maman excédée cédant à son colérique gamin réclamant à corps et à cris un xième bout de chocolat alors qu’il a déjà avalé son goûter, on fini par céder. Oui, aidé par sa longévité rare pour le genre - ‘Hammer Battalion’ est quand même son neuvième ( !) album studio, sans compter les lives – le groupe a tellement persévéré qu’il a fini par s’imposer de lui-même. Or cela tombe bien pour ce ‘Hammer Battalion’ bien, bien méchant, qui marque à la culotte son immortel grand frère ‘Where No Life Dwells’ dans le peloton de tête des meilleurs albums du combo. Un podium où l’on retrouvait déjà ‘Midvinterblot’ qui avait déjà bien relancé le cours en bourse des actions Unleashed il y a deux ans. Un Unleashed au passage désormais 100% indépendant : Anders Schulz (batterie) et Johnny Hedlund (chant et basse) s’occupent du côté business et de la promo, Tomas Masgard (guitare) gère le merchandising tandis que Fredrik Folkare (guitare) s’occupe de la production. Ce que l’on appelle prendre sa destinée en main…

Mais revenons à nos vikings. Rien de foncièrement nouveau sous le capot de leur drakkar alors ? En gros, oui. Leurs deux mamelles nourricières sont toujours la culture viking (« Warriors Of Midgard ») et la rédaction du petit guide illustré du ‘comment énerver sa prof de catéchisme en dix leçons’ (« The Greatest Of All Lies »), avec une pincée de ‘Seigneur Des Anneaux’, héritage des années jeux de rôles de leur chanteur Johnny Hedlund, pour saupoudrer le tout. Et musicalement, tout cela restera très frontal, jamais compliqué (gné ?) et bien branlé avec ces morceaux toujours entre trois et quatre minutes, dont certains ont été ouvertement composés pour faire donner du poing au public en concert. D’avance, on peut d’ailleurs déjà prédire au morceau titre, avec son texte caressant ses fans dans le sens du poil et son break de tueur à mi-parcours, une place de choix dans leurs futurs set-lists aux côté par exemple d’un « Death-Metal Victory ». Business as usual donc ?! Oui… Et non, si l’on y regarde de plus près. Car en plus de sa générosité (treize morceaux et quarante cinq solides minutes), cette galette se démarque déjà par sa prod’ maison (pas de trig pour gâcher la fête) à l’image de leur musique, c'est-à-dire directe et sans fioriture. Mais surtout, Anders Schulz et Fredrik Folkare s’en sont donné à cœur joie. Le premier surtout, s’éclatant ici comme un petit fou à griller tous les limitations de vitesse antérieures. Pourtant normalement peu friand de ce genre d’artifices, voilà qu’ici Unleashed nous balance donc dans la gueule des blastbeats furieux un titre sur deux, renforçant ainsi le léger parfum ‘black’ qui flotte sur tout l’album. D’ailleurs, le mid-tempo « Your Children Will Burn » aurait presque pu échouer sur ‘Now Diabolical’ de Satyricon… Quant à Folkare, ses interventions sont courtes mais à chaque fois justes car gonflées par des mélodies presque ‘classic rock’ qui forment un bon contraste avec les rythmiques bulldozers. Détails sans importance ? Peut-être. Mais mis bout à bout, cela donne un disque ultra-solide où l’on sent bien derrière ces presque vingt années d’expérience accumulées à la gloire du grand méchant metaaaaaaaaaaaal. Du travail de pro bien carré comme l’on aime, de ceux qui ne donnent pas envie de se plaindre au service après vente tiens…


Rédigé par : Olivier ‘Zoltar’ Badin | 15/20 | Nb de lectures : 12108