Niveau pitch, on avait fait moins alléchant. Ce foutu brise-noix de Daryl Palumbo avait enfin trouvé une excuse valable (parce qu'Head Automatica, ça compte pas) pour justifier le retard homérique dont souffre la très attendue prochaine offrande des reformés Glassjaw. En l'occurrence, un all-star band de derrière les fagots, qui déboule en trombe avec un premier album après un frustrant teasing. United Nations, un patronyme clairement adapté, puisque le groupe compte dans ses rangs rien de mois que, 'tention au name-dropping: Geoffrey Rickly de Thursday aux cordes (vocales et de guitare), Eric Cooper de Made Out Of Babies/Kiss It Goodbye à la basse, et Chris Conger (ex-The Number Twelve Looks Like You) derrière les fûts. A moins que ce soit ce vieux grigou de Ben Koller from Converge à ce poste, ces glandus entretenant le mystère en s'affublant de masques de Ronald Reagan.

Et le sieur Palumbo dans tout ça? Apparemment, c'est lui qui s'évertue à expulser sa glotte le plus loin possible, dans des jappements limite blackisants inhabituels pour le bonhomme. L'orientation du projet, quant à elle, se veut un hommage au screamo/grind/powerviolence cher à leur coeur, celui des Orchid ou Reversal Of Man. Ou tout simplement à ce que l'on pouvait appeler emo il y a un peu moins de dix ans, avant que le terme ne devienne une accroche marketing pour greluches en jeans paralysants.

Mais comme on pouvait s'en douter, cette livraison ne tutoie ni la noirceur, ni la profondeur des influences revendiquées. Il faudra cependant bien avouer qu'une fois ce constat admis, ces 25 minutes regorgent de qualités non négligeables. On reste dans la sphère screamo à tendance violemment épileptique, mais plus à la manière des Phoenix Bodies, Tower Of Rome, The Number Twelve Looks Like You et consorts, noms de chansons-spaghettis inclus. A savoir une musique bordélique mais efficace, pince-sans-rire et toujours accrocheuse.

Effectivement les protagonistes savent comment torcher un titre et le font savoir. Tension omniprésente, au bord de la rupture, les quatre lascars abreuvent nos sillons d'une énergie non-feinte, et d'une richesse que je n'aurais point soupçonnée. Car malgré la vocation assez directe et violente du projet, le soin apporté aux compositions rappelle qu'on a quand même pas affaire à n'importe qui. La dualité des voix est parfaitement exploitée, le chant clair du leader de Thursday étant toujours là pour contrebalancer les méconnaissables raclements de gorge de son compère; tandis que les titres, expédiés autour de la barre des 120 secondes, sont prétexte à un carnassier tirage de bourre entre les guitares et la batterie, plantant riffs vrillés sur riffs vrillés, mélodies catchy sur mélodies catchy.

Des arguments à faire valoir qui n'auront pas pour autant convaincu pour les trop sérieuses vraies Nations Unies, ayant fait raser leurs pages Myspace et Facebook de la carte sans tirs de sommation. Alors, projet parallèle à vocation durable, j'en doute, mais si cet album n'est destiné qu'à être qu'un one-shot pour le groupe, cette récréation nous aura été profitable à nous aussi, aimables petits auditeurs. De la frénésie foutrement communicative, t'en voulais? Sur ce coup-là t'es servi.


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 10665