Non, ce "Malice in Wonderland" n'est pas une version revisitée de l'album de NAZARETH mais bel et bien une oeuvre originale d'un groupe anglais plutôt méconnu, UNINVITED GUEST. Evitons de jeter un oeil inquisiteur à cette photo promo ridicule (je vous laisserai juger par vous-même via leurs sites...) et penchons-nous plutôt sur le contenu.

Et quel contenu ! L'approche du bébé est plutôt complexe car riche en éléments qui sortent des sentiers battus et ont à la fois tout pour vous captiver et vous repousser.

Tout d'abord, la voix du chanteur, sublime, cristalline et d'une justesse bluffante, mais au timbre à la Elton John qui sonne trop variété pour être crédible, sans parler de l'utilisation poussive d'un vibrato maîtrisé mais trop cliché.

La batterie ensuite, assurée par une boîte à rythmes. Si on sait très bien que l'utilisation d'une BAR donne un côté très clinique aux compos, certaines prouesses technologiques permettent de donner un peu de groove aux rythmiques. Hors dans "Malice in Wonderland", on a surtout affaire à une BAR à la programmation sommaire. Pas mauvaise à proprement parler, mais sans aucun feeling, très rigide, dénuant les compos de toute âme mais permettant au trio de s'aventurer vers des terrains quasi-indus à la manière du "Outside" de David Bowie.

Enfin, attaquons-nous à la composition à proprement parler. Un énorme pavé qui montre un groupe plutôt prolifique et au cerveau en ébulition. Les ambiances se succèdent sans discontinuer, que ce soit du heavy/rock progressif ("Mother Nature made a Monster", "Join the Dance", les très QUEENien "Strange Gothic Romance" et "Jack Dandy"), du rock sombre ("Abigail", "Your Private Hell") voire même de la ballade acoustique (la très jolie "Still I Miss The Man") ou même de la narration ("The Law of The Playground"). Les guitares ne sont pas spécialement prédominantes, rentrant à plusieurs reprises pour donner une dynamique et apporter un peu de saturation à des titres articulés autour d'un chant très poli. Un album qui fait méchamment penser à ces comédies musicales qui mélangent un peu tous les styles pour que la musique colle au mieux à la scène imaginée par le metteur en scène.

Mais si la diversité est la force de "Malice in Wonderland", l'unité n'est pas son fort. En effet, cet opus regorge de bonnes idées mais souffre de nombreuses erreurs dans leur mise en musique. Des compos qui aurait nécessité d'avoir une âme pour vivre mais qui sont tuées par une BAR pauvre, des compos qui sombrent facilement dans le kitch par l'utilisation de sonorités de synthés et d'arrangements très typés 80s (les appuis de clavier sonnant comme du VAN HALEN sur "Your Private Hell", le riff technoïde du couplet de "Human" qui fait très plagiat du -accrochez-vous!- "The Power" -ouch!- de SNAP)... Autant de points positifs que de points négatifs qui font de "Malice in Wonderland" un album qui manque clairement de consistance pour faire parler de lui, si ce n'est de par son contenu hétéroclite difficilement assimilable.

Se revendiquant de la scène dark gothique, j'avoue avoir encore du mal à saisir le pourquoi du comment de cette affiliation si ce n'est que par le titre bonus "Double dare", une reprise des BAUHAUS. Une curiosité de plus dans le vaste monde du rock mais qui ne fera certainement pas mouche au vu de ce qui nous est proposé.


Rédigé par : Foofur | 10/20 | Nb de lectures : 10360