Oui… mais non. On dirait que Vladimir Cochet alias notre petit Suisse surdoué file un mauvais coton. Depuis un « Love and Death » porteur des meilleurs présages, aucun de ses travaux ne s’est complètement élevé au diapason des espoirs entrevus. Ni un Mirrorthrone à la maestria émiettée, ni un Weeping Birth à la tunique cyber un peu trop voyante. Encore moins ce nouveau départ pour Unholy Matrimony, dont le premier cycle (à l’origine un duo) avait pris fin avec « Love and Death ». Dans une large mesure, cet album incarne même ce que Vladimir a produit de plus faible à ce jour. La faute en incombe en partie à la gestion de la boîte à rythmes, déjà sujette à caution par le passé pour sa rapidité souvent jugée excessive, sans trop de circonstances aggravantes jusque là. Jusque là. Car sur « Misologie » le compteur de bpm perd par moments totalement les pédales ! On en arrive à dépasser sur 80% de l’album (à vue de tympans fatigués) la vitesse de percussion d’un marteau-piqueur à plein régime, avec pour résultat, justement, que le rendu n’a absolument plus rien de percutant. En lieu et place c’est une aberration assimilable à une sonnerie de téléphone amplifiée et déshydratée qui tient lieu de métronome. Poussée de plus en plus loin derrière la frontière du physiquement possible, par caprice de violence ou par défi aux sens, l’obsession du blast suprême aura réussi à tuer toute l’efficacité que peut générer en temps normal un alliage démentiel de rapidité et de furie. C’est aussi regrettable qu’un peu bête, au fond… Du même coup percer le manteau comme toujours sévèrement touffu des arrangements et des orchestrations devient d’autant plus éreintant que l’envie de s’impliquer reste bien souvent sur le pas de la porte, dissuadée par cette étrange physionomie asynchrone dont le bien-fondé a, cette fois-ci, toutes les peines à franchir la cloison de l’esprit de son concepteur. Aussi élaborés et évolutifs soient-ils, voire brillants d’inventivité, les enchaînements mélodiques nous restent étrangers, voilés par l’arbitrage horripilant des programmations. L’exemple le plus parfait en est le troisième morceau « Fragment Troisième », potentiellement un fleuron de dark metal pénétrant aux superbes riffs suintant le dégoût et la fierté, dans la pratique un long calvaire inécoutable, hormis peut-être pour celui qui, en phase avec les mystérieuses intentions rythmiques d’Unholy Matrimony, ne ressentira aucune gêne à se faire mitrailler comme un lapin par la machine inexorable. Très peu pour moi, merci. Frustrant… Jugées individuellement, les composantes de « Misologie » valent largement plus que la synergie cacophonique qui résulte d’un traîtement très impulsif. Le son de guitare, acerbe et massif, mérite d’être revu dans un contexte plus propice à la mise en valeur du venin black metal qu’il crache au détour de vindictes ardentes gorgées de haine, latente (« Fragment Sixième ») ou en éruption (« Fragment Huitième »). Seigneur émérite de ses guitares, pétri de facilités mélodiques/symphoniques, malheureusement encore dépassé et enterré par ses désirs d’ultraviolence, Unholy Matrimony a en magasin l’arsenal pour démontrer aux aveugles du conduit auditif que l’évolution de Limbonic Art peu avant leur split était une blague. On le sait, il coule chez Vladimir Cochet un fleuve de talent brut qui ne demande qu’à être mieux, beaucoup mieux canalisé. Pitié un batteur, vite !
http://www.unholymatrimony.com


Rédigé par : Uriel | 10/20 | Nb de lectures : 7979