UNHOLY MATRIMONY – Love and Death (Autoproduction) - 15/02/2003 @ 18h34
Dans le metal plus qu’ailleurs peut-être, on n’est jamais à l’abri d’une excellente surprise totalement inattendue au détour de telle ou telle autoproduction maison. Germé dans l’esprit fertile de Vladimir Cochet, jeune touche-à-tout helvète, ce premier album d’Unholy Matrimony est l’un de ces épiphénomènes made in chambre à coucher. Quoique… Totalement inattendu, il ne l’était pas entièrement pour moi qui ai déjà été le témoin de quelques louanges adressées par le très recommandable bimensuel allemand Ablaze à l’un des autres chevaux de bataille de Vladimir, en l’occurrence Mirrorthrone, décrit comme un impressionnant alliage de composition orchestrale et de turbulences métalliques avant-gardistes. Autant dire que la barre de mes espérances était déjà placée à une certaine hauteur, et par bonheur Unholy Matrimony ne s’est pas pris les pieds dedans, loin s’en faut ! Si le titre “ Love and Death ” semble vouloir présager d’un album à double visage, j’ai le plaisir de vous annoncer qu’il n’en est rien : il y en a beaucoup plus que ça. Bâti avec une grande intelligence dans sa progression, “ Love and Death ” sonne le rassemblement de multiples appétits qui affluent l’un dans l’autre ou marchent en parallèle avec une fluidité qui rend évidence ce qui pour le coup aurait tout aussi bien pu tourner au capharnaüm. Premier constat intéressant, Vladimir s’ingénie à faire évoluer la texture et l’âpreté du son de guitare selon que la musique doit revêtir un caractère sauvage et ombrageux ou que le contexte plus mélodique demande de purifier et d’aiguiser les leads. On sait donc d’emblée qu’on ne sera pas enfermé dans un cocon réverbérant les mêmes familles de son ad infinitum. Usant au mieux de cette diversité, Unholy Matrimony devient par instants le miroir assidu mais pas copie-conforme de certaines valeurs sûres de la scène, passant de Belphegor à Dissection, Anorexia Nervosa ou Myrkskog avec une facilité si déroutante qu’on cherche encore les ficelles discutables qui devraient trahir la transition de l’un à l’autre. Au vu de cette énumération, vous ne devriez pas béer de surprise si je vous dis que cet album, dans sa globalité, tire plus vers le brut de décoffrage volcanique que vers la bande son d’une virée en pédalo sur le Lac Léman. Il est presque embarrassant de mesurer la démence rythmique (par moments inhumaine mais cela ne choque jamais vraiment l’oreille) et la quantité de haine emmagasinée dans cette succession de titres lorsque l’on sait que, quand même, c’est une affaire de cœur qui est à la base de la création d’Unholy Matrimony. Que “ Love and Death ” soit ou non l’exutoire de sentiments violemment contradictoires, je n’ose imaginer les ravages lorsque Vladimir l’aura mauvaise pour de vrai ! Bref, là où Unholy Matrimony creuse irréparablement l’écart avec le ventre mou des groupes de black symphonique, c’est justement sur le volet symphonique. Lorsque le synthé entre en jeu, c’est immédiatement un tout autre univers qui ouvre ses portes. Les arrangements à plusieurs voix instrumentales sont impeccablement policés, mais surtout complètement originaux dans leur déroulement et le choix des suites mélodiques. C’est très rafraîchisant de se trouver face à un musicien qui a appris à totalement se couper des lieux-communs et des enchaînements tout trouvés pour nous livrer une interprétation réellement inventive. Le paroxysme de ces précieuses dispositions est atteint avec l’avant-dernière plage “ Hymne à la Mort d’Iseut ”, et une vaste composition jouant avec des harmonies lunatiques superbement découvertes et retracées. L’émulation orchestrale y fait suite à un court exorde à l’orgue batcave et s’en va vivre un développement romanesque avec des chœurs synthétiques savamment placés et le tintinnabulement occasionnel d’un piano feutré en ombre chinoise. La symbiose est remarquable et elle dure… offrant sur un plateau un final cinématographique à ce “ Love and Death ” dont la classe de A à Z se suffisait à elle-même. Si j’ai un petit reproche à formuler, ce serait que les moments de pure altitude, ceux qui suscitent l’abandon total à la musique, cèdent trop rapidement la place aux épanchements de profusion technique, ou aux retours en mode “ baston ”, c’est selon. D’où un appel à une plus grande patience à l’avenir pour éviter de dilapider l’espérance de vie de plans prometteurs en voulant trop en faire. Mis à part ça, la bonne posologie stylistique est présente, l’ennui ne fait que rôder au loin, sa silhouette à peine visible en quelques rares instants (vers le milieu de l’album, ce qui est presque normal si j’ose dire), ne reste qu’à porter la sauce vers une dimension encore plus culminante. Passer à côté de cet album n’est peut-être pas encore criminel (mais dommage, certainement !), en tout cas il est indispensable de conserver en mémoire ce nom, Vladimir Cochet, car je mets mes deux mains à couper et mes couilles à moudre qu’à ce rythme de travail et à ce niveau de talent l’un ou l’autre de ses projets touchera le jackpot dans un avenir pas du tout lointain…
http://www.unholymatrimony.cjb.net


Rédigé par : Uriel | 14/20 | Nb de lectures : 8576




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Commentaire
dark tranquillou
Invité
Posté le: 15/02/2003 à 20h36 - (2149)
Et ce Vladimir il fait tout tout seul? Il compose et enregistre toutes les parties instrumentales ou il fait appel à des musiciens de studio, je dis ça surtout pour la batterie, c'est une vrai ou elle programmée comme dans de nombreux projets d'hommes seuls?(citons entre autres morgul et le diabolical masquerade du début). Justement, serait ce là la naissance d'un nouveau blackeim?

Dark michto
Invité
Posté le: 17/02/2003 à 12h46 - (2155)
"car je mets mes deux mains à couper et mes couilles à moudre"
Lol! ;))

Uriel
Invité
Posté le: 17/02/2003 à 18h09 - (2158)
"la naissance d'un nouveau blackheim": C'est joliment trouvé! Effectivement, le rapprochement n'est pas si inopportun... Pour la batterie c'est une programmée

Azrael K
Invité
Posté le: 03/03/2003 à 18h44 - (2284)
J'ai entendu dire qu'il se tappait aussi le graphisme du booklet !

Uriel
Invité
Posté le: 04/03/2003 à 12h13 - (2288)
EN fait c'est un garcon très actif dans les domaines des arts graphiques, j'ai découvert y a pas longtemps qu'il est aussi webdesigner du nouveau site de Metallian, par exemple...

Joss
Invité
Posté le: 04/03/2003 à 12h29 - (2289)
Un nouveau blackheim ??? voilà qui a de quoi attirer mon attention :-)

et hop, un nouveau groupe sur ma liste...
(dur dur la vie d'un fan de métal)

Melancholia
Invité
Posté le: 16/11/2004 à 18h41 - (11590)
Pour les fans : un premier t-shirt Unholy Matrimony est sorti, ainsi qu'un long-sleeves et qu'un sweat "Misologie".

N'hésitez pas à aller faire un tour sur le site de Melancholia Records (downloads, vente en ligne...) : www.melancholia-records.com

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