Annoncé à grand renfort de news dans ces mêmes pages, le quatrième album des New-Yorkais nous parvient enfin. Après deux réalisations longues durées sur le « Rise Above » de Lee Dorian, ce disque est leur second pour le compte de Relapse Records, label incontournable s’il en est, et la confirmation de la prise de direction amorcée avec le précédent, « The Trident ».

Car du statut de référence « sludge-doom-metal-noirci », le trio pourrait bien passer au statut de référence « metal-tout-court », tant cette galette nous donne à entendre un groupe totalement affranchi du carcan qu’il semblait s’être imposé sur « SoS/SoS » et « In The Red ». L’incorporation d’éléments plus classiquement métalliques avait déjà fait évoluer le son de la formation avec son troisième forfait, et cette mutation se poursuit donc tout naturellement avec cette quatrième livraison, « Electrocution ».

Les fans de la première heure pourraient bien déplorer l’évolution ici confirmée, car le groupe se tourne vers une musique peut-être plus « accessible » car finalement plus « variée », les deux qualificatifs étant évidemment à prendre avec des pincettes : on parle tout de même toujours de métal relativement extrême!!! Pour mettre en parallèle un groupe qui a su évoluer dans un registre pas si éloigné, on pourrait éventuellement parler de MASTODON, tant le propos d’UNEARTHLY TRANCE semble s’« éclaircir » au fur et à mesure de ses réalisations. Et si avec « The Trident », UT donnait l’impression d’avoir un peu le son (pour ne pas dire autre chose) entre deux chaises, le trio semble aujourd’hui avoir bel et bien rapproché son séant d’un nouveau fauteuil, celui-là même qui pourrait bien être le trône laissé vacant par les fab four d’Atlanta depuis qu’ils ont vendu le leur (de séant) au big business musical en signant chez Warner (mode « intégrisme »). Mais point trop n’en faut, restons-en au stade des suppositions et attachons-nous aux faits, et rien qu’aux faits…

La musique du trio s’est bel et bien éclaircie : il est évident que les mélodies y prennent une part de plus en plus importante, et surtout que le registre de Ryan Lipynski, le guitariste-chanteur, s’est considérablement élargi et son timbre « éclairci », tout en restant dans des intonations résolument viriles (UT n’est pas TMV, faut pas déconner). En outre, la palette des tempi utilisés s’est elle aussi étoffée : le temps du down-tempo secoué de blasts blackesques des débuts est définitivement révolu, et l’ensemble déroule aujourd’hui majoritairement sur des rythmes à pulsation intermédiaire, même si des incursions de bon aloi vers les deux extrêmes persistent heureusement. L’agrément çà et là de certains morceaux par quelques soli de guitare confirme le sentiment qu’UNEARTHLY TRANCE s’est définitivement engagé dans une direction plus « classiquement » heavy et épique, sur la base des fondations sludge extrême qui a fait sa renommée. Evidemment, le son reste clairement d’un certain côté de la force, avec des références lorgnant définitivement du côté des MELVINS ou de HIGH ON FIRE (par exemple) tout au long des 50 et quelques minutes et 8 titres qui constituent « Electrocution ».

Quoi qu’il en soit, ça tabasse toujours autant, même si d’une manière sensiblement différente qu’auparavant, et on ne s’ennuie nullement ici, même à l’écoute des quelques titres à rallonge. La production assurée par Sanford Parker pour la troisième fois consécutive fait des merveilles et confère à cet opus le son dynamique qui lui est dû : moderne mais pas artificiel et définitivement live. UNEARTHLY TRANCE semble donc bien faire ici un pas de plus vers une certaine consécration qui verra peut-être sa confirmation avec la tournée européenne à venir. En espérant qu’il nous soit donné de les voir dans de meilleures conditions qu’en septembre 2007, conditions plus que médiocres qui n’avaient pourtant pas empêché le trio de livrer une performance des plus enlevées, comme a pu en témoigner votre serviteur à l’époque (mention spéciale à ce « Distant Road Overgrown » de plus de 12 minutes, épique à souhait, et joué lors de ce show mémorable).


Rédigé par : Nico sata | 16/20 | Nb de lectures : 11490