Ah le doux dilemme que voici: j’ai toujours apprécié Unearth mais j’ai vraiment de plus en plus de mal avec le ‘metalcore’. D’un côté, un des groupes qui ont lancé cette ‘mode’ (avec ShadowsFall et Killswitch Engage), un des premiers à mêler riffs heavy et rythmiques suédoises avec moshparts agressives et breakdowns écrasants. De l’autre, un style presque saturé, dans lequel il est difficile de distinguer un groupe par rapport à un autre. Essayons de faire la part des choses.

Ce groupe avait calmé du monde avec l’EP ‘Endless’ puis son 1er album‘The Stings Of Conscience’ : des vocaux abrasifs, un son énorme, des riffs heavy très efficaces et des moshparts à faire bouger un hémiplégique. Leur album suivant, plus orienté metal dans l’esprit, leur a valu une notoriété certaine qui leur a permis d’ouvrir pour les groupes majeurs de la scène et d’acquérir une conséquente base de fans. On pouvait donc s’attendre à ce que le groupe reprenne cette recette gagnante pour ce ‘III’.

La particularité des ‘grands’ groupes, quelque part, c’est d’avoir un son immédiatement reconnaissable, une marque de fabrique propre. Unearth est de ceux-là et cet album ne fait que confirmer cette évidence tout au long des 11 brûlots qui le constituent. Dès l’intro de ‘This Glorious Nightmware’, on se croirait plongé dans ‘The Oncoming Storm’ : les cavalcades de guitares, les délires en arpège, le break au bout d’une minute, la mosh-part simple mais efficace qui s’en suit, pas de doute, c’est du Unearth tout craché. ‘Giles’ démarre par un hurlement du sieur Trevor Philipps et un riff rapide et agressif entrecoupé de délires arpégiques dans les aigus, à la limite du solo . On retrouve encore une fois la structure habituelle des Bostoniens : des passages très techniques et mélodiques progressant inéluctablement vers le break et la ‘mosh-part’ finale. Les musiciens sont en pleine forme et jouent leurs partitions avec un enthousiasme et un talent indéniables. On pourra reprocher au groupe de mettre trop en avant les plans de guitares au risque de noyer la basse, mais c’est aussi le style qui veut cela

L’album ‘résiste’ plutôt bien aux écoutes successives, même si je n’ai pu m’empêcher de ressentir une certaine lassitude au point de trouver cet album ‘moyen’ pour un groupe tel qu’Unearth. Rares sont les morceaux qui retournent vraiment l’auditeur et c’est quand le groupe varie un peu son jeu et sort des poncifs ‘metalcore’ qu’il attire vraiment l’attention : je mentionne particulièrement le titre de cloture‘Big Bear And The Hour Of Chaos’ dont l’ambiance planante appuyée par l’utilisation d’un piano détonne singulièrement après ce maelstrom de riffs et de solis heavy. ‘Imposters Kingdom’ ‘surprend’ aussi quelque peu puisqu’il démarre de manière frénétique pour se terminer de façon lancinante, dans un esprit très The Hope Conspiracy.

Unearth reste une fois encore au-dessus de la concurrence avec ‘III : In The Eye Of Fire’, il serait difficile de le nier , puisqu’on retrouve tout ce qui a fait le succès du groupe : qualité technique, production irréprochable, compos parfaitement ficelées sans oublier le son estampillé ‘Unearth’. Seulement, j’espérais un peu plus d’originalité et de variété de leur part, car après 3 ou 4 années de clonage intensif, de la fraicheur dans ce style aurait certainement fait du bien, et qui mieux qu’Unearth aurait pu s’y risquer ? Certains titres laissent tout de même entrevoir une évolution qu’on peut souhaiter concrète pour le prochain album. Ils parcoureront bientôt l’Europe avec Hatebreed et Full Blown Chaos, pas besoin d’en dire plus, je suppose ?


Rédigé par : Candira-Thon | 15/20 | Nb de lectures : 14157