Ah, 1995. C’était hier, c’était il y a une éternité comme aurait pu dire le poète… Pourquoi cette année plus qu’une autre ?! Parce qu’en 1995, le death-metal fut officiellement déclaré en fin de course, cherchant alors désespérément un second souffle, quitte à se perdre et parce que certains groupes du mouvement ont alors commencé à jeter l’éponge. Et puis 1995, ce fut aussi et surtout l’année de la sortie du ‘Storm at the Light’s Bane’ de DISSECTION qui, sans le savoir, fit le lien entre la scène death et la scène black et surtout écrivit les tables de la loi du son extrême qui allait à partir de là, et dans les trois/quatre années à venir prédominer en Suède et donc, par extension, dans le reste du monde. Avec un son assez large, allant de la scène mélodique de Götebörg à la DARK TRANQUILLITY au son plus strictement black du Nord du pays (SCHEITAN, VINTERLAND etc.), le filon fut à partir de là largement exploité par une poignée de labels, dont en premier lieu NO FASHION, aciérie basée à Stockholm et plus connue pour ses méthodes de management des plus, hum, discutables mais au final découvreuse d’un bon paquet de talents. Le tout jusqu’à une nouvelle fois, la saturation du marché fasse tout capoter, pile poil au moment où le méchant death-metal se relevait de son sommeil forcé pour réclamer à nouveau sa couronne au début des années 2000.

Pourquoi cette remise en contexte fastidieuse ? Tout simplement parce qu’elle est essentielle pour comprendre d’où vient UNDIVINE, groupe quasi-inconnu par nos contrées et pourtant formé par une sacrée bande de briscards dont rien que les nombreux faits de services (IN AETERNUM, THEORY IN PRACTICE, ALTERED AEON, WITHERED BEAUTY, etc.) permet de les cibler assez bien. ‘A Deceitful Calm’ nous renvoie donc d’entrée une décennie en arrière, à cette époque dorée où les death-métalleux n’avaient pas de problème à montrer leur amour des mélodies vicieuses et du black-metal et où Dan Swanö et son Unisound Studio régnait en maître. Ce petit écho sur la voix, cette façon d’entrelacer les guitares, cette alternance de blast et de parties plus mélancoliques… Tout y est. Sauf que ce qui fait la différence ici, c’est qu’il y a plus, notamment des solos nettement plus travaillés et entêtants, comme si KATATONIA avait beaucoup écouté NEVERMORE. Ou ce chant par moments râpeux à la Attila Csihar, rajoutant un petit côté malsain. Mais surtout, la mise en place est absolument impeccable. Bien que sorti sur un petit label underground (français !) et limite auto-produit par leur batteur (également membre d’ISOLE) dans son studio perso, tout est ici aux petits oignons, avec ce qu’il faut de titres pour soutenir l’attention sans en abuser (huit morceaux pour trente-sept minutes), un son nickel et surtout une interprétation sans faille. Cerise sur le gâteau : cette capacité de, à la fois, rendre ouvertement hommage à ses influences tout en offrant ce petit élément perso qui fait avancer un chouia la schmilblick. Preuve en est le dernier titre de l’album « Catholic », six minutes de dark-metal qui sait savamment faire monter la sauce avant d’en éclabousser l’auditeur en pleine poire sur la fin.

N’y allons pas par quatre chemins : avec le nouveau DIABOLICAL (bientôt la chronique, promis juré les aminches), non seulement UNDIVINE vient de doubler les éternelles série B que sont les honnêtes mais peu originaux IN AETERNUM mais en plus, ils prouvent, brillamment, que le cadavre du black/death ‘à la suédoise’ bouge encore. Et de bien belle façon…

PS : Apparemment, le groupe vient de terminer l’enregistrement de son deuxième album ‘Into Dust’ et cherche un nouveau label. Parlez-en à votre maman…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 10366