La cruauté puérile peut parfois être source de découvertes lourdes de sens. En tuant leur désoeuvrement à l'aide de grenouilles captives, une bande de jeunes écoliers Français ont, il y a quelques temps de cela, enregistré un phénomène assez consternant. Si l'on plonge une grenouille dans une casserole d'eau froide et que l'on porte la casserole progressivement sur le feu, la grenouille se laissera ébouillanter jusqu'à la mort sans esquisser la moindre velléité de s'échapper. Par contre, si l'on vient à plonger une grenouille encore frétillante dans une casserole où l'eau a déjà été portée à ébullition, l'infortuné amphibien s'empressera de sauter hors du piège infernal... L'histoire ne dit pas combien de grenouilles ont été sacrifiées pour les besoins de cette sympathique expérience, dont les applications économiques ont été largement exploitées dans les années 90 par un certain Charles Handy sous le nom savamment choisi de " syndrome de la grenouille bouillie ". Dans le cas qui nous occupe, ramenons le tout à un exemple fictif mais raisonnablement envisageable : faisons écouter cet album d'Underlord à deux jeunes métalleux à l'esprit vif et au poil luxuriant. Le premier, ayant passé le plus clair de la semaine écoulée à se repaître à doses graduelles des vieux albums de black thrash old-school de Venom ou Hellhammer avec quelques intermèdes Darkthrone pas trop poussés, verra dans " Rise of the Ancient Kings " une tentative balourde mais somme toute innocente de contrefaire les groupes qu'il vient d'écouter. Le second, qui sort tout juste d'une période de pénitence durant laquelle il s'est tapé trois fois l'intégrale de l'oeuve pour orgue de Jean-Sébastien Bach, se voit donc également infliger du Underlord. Sa réaction, spontanée et violente, sera d'arracher le CD à la platine pour l'envoyer valser par la fenêtre en hurlant ces trois mots reconnaissables entre mille : " musique de merde !!! ". Et disons le nettement, tel la grenouille rendue lucide par son immersion subite dans l'eau à 100°C, il n'aura que trop raison. Car Uderlord appartiennent bel et bien au contingent des groupes (heureusement rares) qui apportent de l'eau au moulin de ceux qui aiment affirmer à la volée que le metal est une musique de débiles faite par des débiles. L'unique performance de marque de ce trio canadien est d'avoir réussi à faire peur à leurs mères avec leur imagerie pitoyable et leurs accoutrements triplement grotesques, et rien que pour cette prouesse ils auront droit à mon point dans leur face !


Rédigé par : Uriel | 01/20 | Nb de lectures : 7122