Je vous le dis, ce n’est pas des plombiers dont il fallait se méfier mais des métalleux. Putain ! Encore des Polonais ! Mais, c’est pas vrai ! Il faut quand même avouer que c’est bien organisé dans l’ancien bloc soviétique, les films de boules en Hongrie et le Metal en Pologne ! C’est donc cela la rationalisation des moyens de production chère à l’économie néo-libérale. Après une démo en 2007, les quatre plombiers viennent taper à notre porte avec leur premier album sous le bras. Et là, on se dit qu’on va encore se cogner le cinq millionième clone de Vader ou de Behemoth. Si on regarde le line-up, on s’aperçoit que le batteur porte le subtil sobriquet de Blasturbator ce qui nous dirige sur la piste des boucheries Bernard et autre Death à grumeaux. En définitive, l’opus va se dévoiler bien plus surprenant, pour des Polonais s’entend !

Tout commence par une courte intro agrémentée d’instruments à cordes distillant une atmosphère folk et épique histoire de se mettre dans l’ambiance. Alors que l’on s’attend à se faire ratiboiser les ratiches façon Jaruzelski, un Death mid-tempo déboule avec des vocaux doublés à la Deicide. Et ouais, nos oiseaux ont un petit faible pour le Death made in USA. J’irai même plus loin en affirmant qu’ils affectionnent particulièrement le Death technique. Je rassure mon aimable auditoire en indiquant qu’on trouve tout de même du blast martial bien brutal apportant une touche de modernité comme on dit. Sinon, on est vraiment dans le technique avec tout ce que cela présuppose de soli, de leads en veux-tu en voilà, de breaks à gogo, de rythmiques versatiles et même de lignes carrément néo-classiques voire d’un solo de basse.

Mais attention, n’allez pas vous imaginer qu’il s’agit d’un concurrent de Decrepit Birth, Necrophagist et consorts. En effet, même si effectivement ça envoie de la note, on est bien loin du déluge de riffs, de plans tordus et de breaks toutes les deux secondes. Underdark se la joue classique avec en ligne de mire Messire Schuldiner car malgré de nombreux mouvements dans chaque titre, ces derniers ne se contentent pas d’être un enfilement de plans mais s’avèrent de véritables compositions comprenant couplets et refrains. De plus, le combo reste foncièrement mélodique. Ce travail se voit renforcé par l’adjonction sur quelques passages d’un piano, d’un violon et d’un violoncelle.

Autre surprise vu leur origine, le rendu reste clair et puissant certes mais le son n’est pas pour autant complètement artificiel. La batterie garde des sonorités naturelles évoquant d’autant plus le caractère old school de l’entreprise.

La qualité principale du groupe est cette étonnante maturité qui évite à l’album de tomber dans la démonstration stérile car même si cela reste technique, ils savent rester humbles et mettre leur dextérité au service des compos. Pas d’esbroufe, pas de branlettes inutiles, juste de bons morceaux gardant leur efficacité voire leur groove. Le seul souci qui me taraude (oui c’est toujours ennuyeux d’être taraudé) est un léger manque d’identité dans l’ensemble. Entre le nom, la pochette et la musique, je ressens le manque d’une personnalité véritablement affirmée et je trouve dommage que l’ajout des instruments classiques s’assimile plus à de vagues effluves plutôt qu’à un réel parti pris. C’est d’autant plus regrettable, que ces moments créent une belle ambiance mélancolique.

Pour l’instant, ce premier album est une de ces petites pépites de l’underground qui comblera les esthètes d’un Death empreint de classicisme et sur lequel ils pourront deviser dans leurs salons privés. Finalement, je suis bien content d’être tombé sur ce combo auquel il ne manque pas grand-chose pour passer dans la cour des grands. A surveiller de près, de très près…


Rédigé par : Dark Rabbit | 15/20 | Nb de lectures : 12599